Dossier réalisé par Stéphane BERTHIER par Maïlys Fabre Les matériaux naturels et crus, réputés pour leurs contributions à la
réduction des émissions de gaz à effet de serre, sont aujourd’hui plébiscités. Pourtant,
une analyse comparative menée par Maïlys Fabre dans le cadre d’une recherche1 menée à l’ENSA de Versailles met en évidence
les limites de l’extrapolation selon laquelle l’utilisation de matériaux
naturels et crus réputés peu carbonés garantirait que l’édifice qui en résulte
serait lui-même bas carbone. SB. |
Les
matériaux naturels et crus qui n’ont pas subi de cuisson ou de lourde
transformation industrielle tels que le bois, les fibres végétales, la terre
crue ou la pierre sont reconnus pour leur faible empreinte carbone. Leur emploi
connaît ainsi une augmentation significative, en particulier dans la
construction de maisons individuelles, parfois réalisée en autoconstruction.
Les
matériaux naturels et crus, biosourcés ou non, offrent plusieurs avantages. Nombre
d’entre eux sont renouvelables, permettant ainsi de réduire la dépendance aux ressources
fossiles telles que les matériaux synthétiques dérivés du pétrole. Ces
matériaux naturels peuvent aussi être des coproduits ou des sous-produits non
valorisés de l’agriculture, comme les isolants en paille. Peu transformés, ils
peuvent également être réutilisés en fin de vie ou retourner à la nature où ils
se transformeront en compost. Outre leur aspect renouvelable et recyclable, ces
matériaux présentent également d’autres intérêts en termes de bilan carbone. Ils
émettent très peu de gaz à effet de serre lors de leur production,
principalement en raison de l’absence de cuisson nécessaire pour les transformer,
mais également en raison du carbone de l’atmosphère qu’ils ont
« stocké » lors de leur croissance. C’est pourquoi leur utilisation est
encouragée par la nouvelle réglementation RE2020, qui évalue désormais la
performance environnementale des bâtiments. Néanmoins, le caractère vertueux des
constructions elles-mêmes doit être réinterrogé au regard de la morphologie des
bâtiments construits, des différentes réglementations incendie ou acoustique,
qui peuvent nécessiter des compléments de parois qui n’étaient pas requis avec
les matériaux conventionnels, mais également des conditions de mise en œuvre spécifiques
à ces matériaux naturels. Ils ont en effet des capacités mécaniques souvent
plus faibles que le béton armé et l’acier, ce qui peut conduire à les utiliser en
plus grandes quantités afin d’atteindre une résistance mécanique équivalente.
Par ailleurs, d’autres matériaux au faible bilan carbone, tels que les
agglomérés de ciment, viennent aussi interroger l’intérêt de ces matériaux naturels
et crus. Ces derniers contiennent seulement une faible proportion de matériaux
cuits (environ 7 % de ciment), ce qui les rend peu émissifs en gaz à effet
de serre.
Ainsi, plusieurs
questions demeurent : l’utilisation de matériaux naturels et crus contribue-t-elle
significativement à la réduction du bilan carbone d’une construction ? Si
cela est le cas, est-ce que cette réduction est à la hauteur des objectifs
fixés par l’Accord de Paris et de la loi Énergie-climat, qui prévoit notamment
d’atteindre la neutralité carbone en 2050 ?
Analyse comparée
Afin d’évaluer les bénéfices environnementaux réels de ces matériaux naturels et crus, une analyse comparée a été réalisée. Son objectif est de (...)
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