Dossier réalisé par Stéphane BERTHIER par Stéphane Berthier Serge Joly et une équipe d’ingénieurs viennent de terminer
les études d’une construction écologiquement exemplaire, pour la Ville de
Paris. Cet édifice de 3 000 m2 situé dans le lotissement
des Messageries, près de la gare de Lyon, accueillera en 2025 une école polyvalente
et une crèche de 68 berceaux. Élaborée à partir d’une palette de matériaux
alternatifs au béton armé, cette expérience est riche d’enseignements pour la
connaissance de la construction décarbonée. |
Lauréate d’un dialogue compétitif en
2019, l’équipe de maîtrise d’œuvre emmenée par Serge Joly s’est attachée Ã
explorer les conditions de faisabilité d’une construction décarbonée qui fait
la part belle aux matériaux bio et géosourcés. Cette opération a été lancée
juste avant l’entrée en vigueur de la RE2020, mais le maître d’ouvrage tenait Ã
anticiper ces nouvelles exigences en fixant un objectif très performant tant en
termes de maîtrise des consommations d’usages qu’en termes d’émissions de gaz Ã
effet de serre (E4C2). Selon les conclusions de l’expérimentation E+C- lancée
par le ministère de l’Écologie pour préfigurer la réglementation, à peine 10 %
des bâtiments parvenaient à atteindre le seuil C2 en 2020. En revanche, la
sobriété des consommations d’énergie était plus facile à atteindre parce
qu’elle bénéficiait des fruits d’une quinzaine d’années de développement de
bâtiments basse consommation.
L’équipe de maîtrise d’œuvre retenue
est réputée expérimentée en matière de construction écologique : Serge
Joly travaille de longue date sur le thème des matériaux naturels, comme en
témoignent de nombreuses réalisations menées avec son ex-associé Paul-Emmanuel
Loiret. Laurent Mouly, ingénieur en charge de la structure et du bilan carbone,
est lui aussi reconnu dans la profession pour ses recherches, notamment sur le
béton de chanvre. Enertech est quant à lui un bureau d’études à la pointe des
questions énergétiques. La ville de Paris a financé cette démarche expérimentale
en modulant les honoraires d’un taux de complexité élevé et en confiant des
missions complémentaires, notamment sur l’analyse de cycle de vie et la maîtrise
du risque incendie. Sont donc ici réunies les conditions de volonté politique, de
compétences des acteurs et de moyens financiers d’une opération sérieuse dont
on peut considérer comme significatives les conclusions. Dit autrement, on peut
espérer ne pas se payer de mots, comme trop souvent dans ce domaine quand on se
raconte que la parole est performative.
Le programme soumis aux architectes est toutefois assez conventionnel dans la mesure où il confirme les exigences de confort et les dispositifs programmatiques habituels pour ce type d’équipement. La transition écologique porte donc ici sur la seule matière de nos édifices mais ne reconsidère pas (encore) les usages à l’aulne de la crise climatique. Le cadre normatif et réglementaire de la construction est celui hérité de la modernité, qui s’est constitué à l’époque du béton roi. Il a été aggravé en 2021 par la publication de la « Doctrine pour la construction des immeubles en matériaux biosourcés et combustibles » rédigée par la Préfecture de police après que les pompiers se sont inquiétés d’un risque accru d’incendies suite à leurs analyses de nombreux immeubles en bois, réalisées ces dix dernières années. Ce texte donne de nouvelles recommandations pour une interprétation plus exigeante des règles de sécurité. Pour intégrer les contraintes de cette nouvelle doctrine, (...)
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