À Rennes, les tours Mounier 5 et 7 ont fait l’objet en 2022 d’une requalification lourde menée par Robain Guieysse et BMC2 © Sergio Grazia |
Dossier réalisé par Maryse QUINTON Demeurés longtemps l’apanage de l’habitat participatif et
coopératif, les espaces partagés se multiplient dans les programmes de
logements neufs, les réhabilitations et les transformations, qu’il s’agisse d’opérations
de promotion privée ou portées par des bailleurs sociaux. Les surfaces des
logements étant encadrées en France et plutôt exiguës, reporter le manque de
mètres carrés privatifs sur le collectif tout en luttant contre l’isolement
social qui pèse sur nombre de Français peut paraître séduisant. Pourtant, il ne
suffit pas de décréter qu’un espace est partagé et mis au service de tous pour
qu’il le soit. C’est même le contraire. Les planètes doivent être particulièrement
alignées pour qu’il prenne corps. Les exemples qui se sont soldés par un échec
(fermeture) ou des utilisations plus que sporadiques sont légion. Mais la
demande ne faiblit pas envers ces lieux destinés à renforcer les liens de voisinage
distendus quand chaque foyer est réduit à un numéro d’appartement. Face au
jargon marketing du « vivre-ensemble », difficile de démêler les
belles intentions de la réalité et encore moins de généraliser. Chaque
situation est unique, même si des leviers et des freins reviennent avec une
récurrence qui laisse entrevoir leur fragilité. Donnons-leur au moins une
chance à l’heure où la propension au repli sur soi n’a jamais été aussi forte. |
Le premier
espace partagé auquel nous avons tous été confrontés est celui de la cour d’école.
Lieu de rencontres, d’amusement et de défoulement mais aussi de tensions, de négociations,
voire de violences. Quelle que soit l’expérience individuelle, la récréation ne
fut jamais de tout repos. Chaque jour apportait son lot de surprises et de
conflits, propre à une microsociété qu’il s’agissait d’organiser. Désormais, l’hégémonie
du football est remise en cause, les jeux non genrés se développent, en quête d’apaisement
et du « vivre-ensemble ». Miroir des dynamiques de pouvoir et des
inégalités sociales, la cour de récréation a besoin de règles pour fonctionner
équitablement et tenter d’endiguer la loi du plus fort.
Aujourd’hui, les espaces dits
« partagés » se multiplient dans les programmes de logements neufs,
les réhabilitations et les transformations, qu’il s’agisse d’opérations de
promotion privée ou portées par des bailleurs sociaux. Rien de nouveau puisque,
en 1960, les locaux collectifs résidentiels (LCR) étaient créés pour proposer aux
habitants des grands ensembles des lieux où se rassembler et où créer les
conditions d’une vie collective réussie. Un demi-siècle plus tard, nombreux
sont les bâtiments de logements qui sortent aujourd’hui de terre avec un espace
partagé, tantôt réduit à peau de chagrin, tantôt décliné à tous les étages.
Remède illusoire ou solution vertueuse contribuant à la quiétude des relations
de voisinage ?
Excluons d’emblée les espaces verts (jardins, cœurs d’îlot végétalisés et autres potagers) qui nécessitent une gestion moindre, s’affranchissent des usages à inventer comme des horaires d’ouverture et de fermeture. Les espaces partagés les plus ordinaires sont les
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