vue de la façade principale de Machu Picchu montrant la diagonale formée par les espaces partagés qui se décalent d’étage en étage © photos sépare les choses les unes des autres ©Julien Lanoo |
Dossier réalisé par Maryse QUINTON Pour
qui enseigne le logement dans une ENSA, la référence à l’opération Machu Picchu
de Fives (53 logements et espaces partagés à Lille, livrés en 2014) figure
parmi les plus plébiscitées des étudiants. Sophie Delhay se consacre
exclusivement au logement et a fait de l’habiter son territoire d’expérimentation,
sujet qu’elle s’attache à transmettre à l’EPFL où elle est professeure
associée. Elle figure parmi les premières à avoir questionné et surtout mis en œuvre
l’espace partagé dans le logement collectif, qu’elle envisage comme un
palliatif à la densité. |
D’a :
Le débat autour des espaces partagés est souvent analysé par le prisme d’un
constat binaire : « Ça marche ou ça ne marche pas. » Le
caractère spécifique de chaque situation appelle pourtant à la nuance…
En tant qu’architectes, nous créons un cadre, un possible.
« Ça marche, ça ne marche pas » : c’est une question importante qui
m’intéresse beaucoup. Je ne sais pas comment on peut évaluer l’intérêt d’un
espace collectif, acter qu’il marche ou qu’il ne marche pas. Prenons un
immeuble de logements qui offre une salle commune, par exemple. Celle-ci n’est
pas souvent utilisée mais qu’elle permet de fêter son anniversaire avec tous
ses amis. L’usage est certes exceptionnel mais il offre une vraie qualité et
une plus-value au logement. Le logement, ce n’est pas seulement le quotidien, l’ordinaire.
Le fait de pouvoir organiser un événement comme celui-ci « chez soi »,
dans son immeuble, renforce l’attachement à son habitat. Il ne s’agit pas
seulement d’appropriation, un terme qui est souvent employé. Il y a quelque chose
de plus profond dans cette possibilité de s’attacher. Certains espaces partagés
sont peu utilisés mais permettent des choses que ne permet pas le seul logement.
Même si c’est ponctuel, c’est déjà beaucoup.
D’a :
Comment êtes-vous arrivée à questionner les différentes formes que peuvent
prendre les espaces partagés et, surtout, à les mettre en œuvre ?
Avant de créer ma propre agence, je faisais partie de la coopérative
Boskop. Nous avons réalisé 55 logements expérimentaux à Nantes en 2008, dans
la ZAC Bottière-Chénaie. À travers ce projet d’habitat individuel dense, il s’agissait
d’imaginer une alternative au pavillonnaire dans un contexte de 120 logements
à l’hectare, une densité comparable à celle d’un immeuble collectif avec son
jardin au rez-de-chaussée.
D’a : Construite sur d’anciennes terres maraîchères, la ZAC Bottière-Chenaie, située à une vingtaine de minutes au nord-est du centre-ville de Nantes, visait à freiner l’éloignement des jeunes ménages en périphérie. Comment avez-vous abordé ce projet ?
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