La Villeneuve, utopie urbaine et architecturale, sociale et politique, conçue et réalisée par l’Atelier d’Urbanisme et d’Architecture (AUA) entre 1970 et 1983 à Grenoble. |
Dossier réalisé par Stéphanie SONNETTE Désengagement des États, montée en puissance des métropoles, crise de légitimité des gouvernants, mobilisation croissante des citoyens, comment la dimension socio-politique renoue avec les réalités individuelles et collectives dans les processus de mutations de l’espace urbain ? Certaines équipes entendent replacer la question du politique comme pour mieux réaffirmer l’impérieuse nécessité de préserver le droit à la ville et d’en faire le creuset d’alternatives civiques en France et en Europe. |
Une utopie concrète en question : la Villeneuve de Grenoble
Saisissant le thème des utopies concrètes, le projet porté par l’ENSA Grenoble et le collectif BazarUrbain1 propose une « rétro-prospective » de la Villeneuve, utopie urbaine et architecturale, sociale et politique, conçue et réalisée par l’Atelier d’Urbanisme et d’Architecture (AUA) entre 1970 et 1983 à Grenoble. « Comme toute expérimentation, la Villeneuve n’a pas tenu toutes ses promesses, mais pour autant l’objet patrimonial figé et assigné au passé est-il le seul héritage possible de cette utopie ? » Cette question posée par l’équipe sera explorée pendant le temps de la Biennale à travers deux dispositifs. Plusieurs écrans installés dans la Sucrière passeront en boucle des films des années 1970 à aujourd’hui concernant la Villeneuve. « Des films qui ont de vraies qualités cinématographiques, pas des documentaires au service d’un discours », précise Nicolas Tixier de BazarUrbain. Cette sélection sera complétée par la projection de plusieurs films sur le thème de l’utopie de l’artiste catalan Jordi Colomer, en sa présence. Parallèlement, le collectif organisera un plateau radio-vidéo, en direct pendant une journée, pour débattre de l’« héritage- fiction » de la Villeneuve et de cette expérience sociopolitique qui fût popularisée sous l’appellation « méthode de Grenoble ».
Nicolas Tixier, de BazarUrbain
« BazarUrbain est né à la fin des années 1990, sous la forme d’un collectif composé de personnes issues de la recherche en architecture, urbanisme ou encore sociologie à Grenoble. Nous travaillons habituellement pour des maîtres d’ouvrage sur des études ou des projets avec un lien fort au récit habitant, à la représentation du projet. De plus en plus, nous produisons des articles ou des livres, des émissions de radio, et nous rendons publics des films. L’histoire et le futur, au sens de l’utopie, de la prospective, nous intéressent. Qu’estce qui perdure et qu’est-ce qui change ? Les questions qu’on se pose aujourd’hui, la manière de travailler des collectifs, se retrouvent aussi dans le passé. D’autres ont fait les choses avant nous, parfois de façon beaucoup plus brillante. Pour la Biennale, nous souhaitons faire un retour un peu heureux sur l’expérience sociopolitique de la Villeneuve. Nous voulons avec nos partenaires et invités questionner ce qui fait utopie à la Villeneuve et ce qui fait patrimoine, à travers les films, les récits qui y ont été produits, toutes ces représentations que nous aimerions rendre publiques à l’occasion de la Biennale. »
Athènes, laboratoire européen des pratiques alternatives ?
Le destin de la métropole d’Athènes sera-t-il encore longtemps celui d’une ville de 4 millions d’habitants neutralisée par les crises multiples, confrontée à de nombreux blocages administratifs et financiers, à l’afflux de migrants, à ses 300 000 logements vacants ? Comment passer à l’action quand il n’y a pas d’argent, quand les commandes publiques sont à l’arrêt, quand les orga- nismes politiques sont instables ? C’est à l’ouest que se concentrent les espaces presque entièrement désactivés de la production, de la logistique et du transport ferroviaire, ainsi que les populations pauvres, issues de 150 ans d’immigration, à proximité immédiate du centre-ville et de l’Acropole. « Désapprendre d’Athènes » s’est fixé pour objectif d’explorer le potentiel de mutation de ces espaces stigmatisés où l’on décèle les signaux faibles d’un renouveau inventif, une expérience qui interroge plus largement la réalité des processus de résistance à l’oeuvre en Europe. Athènes serait-elle un concentré de nos problématiques actuelles et à venir, un laboratoire de nouvelles pratiques, alternatives, low-tech et citoyennes, qui nous concernent tous ? C’est la question qui sera posée lors du sommet international qui se tiendra à Lyon pendant la Biennale et réunira différents acteurs de la scène athénienne, ainsi que des représentants des institutions européennes.
1. Et réalisé en collaboration avec l’Institut d’urbanisme de Grenoble, l’École supérieure d’Art de l’Agglomération d’Annecy, Villeneuve la Série, la Maison de l’image, la Cinémathèque de Grenoble.
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N° 253 - Mai 2017
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