Bratislava, des fractures du postsoviétisme à la ville résiliente

Rédigé par Natalia PETKOVA
Publié le 14/12/2023

Pradiareň 1900, ancienne usine de fils, Bratislava (David Valentín Junk architecte, 1900), qui constitue un autre exemple de transformation lourde du patrimoine industriel en bureaux, par Bouda Masár architekti, 2021.

Dossier réalisé par Natalia PETKOVA
Dossier publié dans le d'A n°313

par Peter Szalay
 

Rien qu’au cours du dernier siècle, la capitale slovaque a connu des transformations profondes de sa structure urbaine. Dans cet aperçu rapide de la planification (ou de l’absence de planification) et de la construction de Bratislava dans les décennies avant et après la chute du mur, l’auteur revisite ici un nombre restreint de projets urbains et d’interventions architecturales qui permettent de saisir les phénomènes et les processus qui ont façonné la ville jusqu’à présent.

Peter Szalay est historien et théoricien de l’architecture. Il travaille comme chercheur au département d’architecture de l’Académie slovaque des sciences à Bratislava, où il a obtenu un doctorat en 2009. Ses recherches portent sur l’architecture et l’urbanisme du XXe siècle et de l’époque contemporaine, et plus particulièrement sur la question de la conservation du patrimoine moderne. Il a participé au cours MARC de l’ICCROM en Finlande (2011) et aux projets d’investigation sur des icônes modernes telles la maison Tugendhat à Brno en Tchéquie (2010), ainsi que la synagogue néologique à Žilina (2012-2014) et les bains de Trenčianske Teplice en Slovaquie (2010-2015). Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Bratislava: (Un)planned city, publié en 2020.

En 1994, un événement architectural s’est tenu à Bratislava, intitulé « Berlín-Bratislava Narušené mesto » (« Berlin-Bratislava ville fracturée »). Initiée par Imro Vaško, directeur du département d’architecture de l’Académie des beaux-arts de Bratislava, cette rencontre et exposition a vu la participation des étoiles montantes de la scène architecturale occidentale d’alors comme Daniel Libeskind et Michael Sorkin. Bien que Bratislava n’ait pas été aussi massivement détruite par la Deuxième Guerre mondiale ni aussi radicalement divisée par la guerre froide (alors qu’elle se trouvait à proximité immédiate du rideau de fer), ce qu’elle avait en commun avec Berlin, c’était la forte présence des terrains vagues dans le centre-ville ainsi que des monuments modernistes de l’ère socialiste.
Au début des années 1990, à la chute du mur, l’exotisme du bloc de l’Est attirait encore les architectes occidentaux. À la fin du XXe siècle, il a donc été possible à plusieurs reprises d’attirer dans la ville des architectes et urbanistes de renommée internationale. Cependant, il n’y a eu qu’une seule occasion où ils ont apporté une contribution significative au débat sur la planification de la ville, et ce par le biais d’un concours d’architecture – concours qui avaient presque cessé d’être organisés après la fin du socialisme. Il s’agissait du concours international Europan 4, qui s’est tenu entre 1996 et 1997. À Bratislava, il s’agissait d’imaginer le développement d’un des sites « fracturés » de la ville, le Podhradie de Bratislava.
 
L’histoire mouvementée de Podhradie
Podhradie est un quartier qui s’étend sous le château et les murs historiques qui entouraient la ville de Prešporok (c’est ainsi que Bratislava était appelée avant la création de la Tchécoslovaquie de l’entre-deux-guerres). À la suite d’un grand incendie en 1913, le quartier, qui comptait une importante communauté juive, a commencé à décliner. Longtemps discutée, sa démolition une cinquantaine d’années plus tard est généralement attribuée à la construction d’un pont sur le Danube. Elle est encore aujourd’hui perçue comme une décision brutale des communistes, alors que l’emplacement du pont avait déjà été proposé par l’urbaniste Antal Palóczi sous la monarchie austro-hongroise dans un plan régulateur élaboré entre 1907 et 1913.
Le concours Europan 4 portait sur la relation entre le quartier de Podhradie, les quais adjacents du Danube et le centre historique de Bratislava. Le premier prix, remporté par (...)

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