Rénovation de l'ensemble d'une cité sociale, au nord de Bordeaux |
Dossier réalisé par - JOFFROY PASCALE ET GUILPAIN LAURELINE |
Il est considéré aujourd’hui que la réduction des coûts du logement passe davantage par l’économie sur le foncier ou les intermédiaires. L’économie sur la construction ne serait intéressante qu’en cas de grande pauvreté (elle existe). De l’avis des spécialistes, le décret d’application de la loi Alur permettant de compenser l’absence de moyens financiers par un « apport en industrie », c’est-à -dire du travail de construction mutable en part de propriété d’une coopérative, n’est pas près de sortir. Il soulèverait des difficultés d’encadrement juridique.
L’autoréhabilitation accompagnée est en revanche encouragée sous forme de prêts
incitatifs par l’État pour massifier la rénovation énergétique des logements et
maintenir les propriétaires occupants modestes. L’Agence nationale de l’habitat,
via son programme « Habiter mieux », a financé depuis 2015 une
quarantaine d’opérations d’autoréhabilitation de copropriétés, situées dans des
secteurs programmés, quartiers politiques de la ville ou centres anciens. Le
plan Initiative Copropriétés, lancé en octobre 2018, cible l’amélioration de
684 copropriétés en France sur dix ans, dont 128 ensembles
immobiliers en extrême difficulté. Le maintien des habitants dans les lieux
peut être considéré comme un gisement brut de logements, en particulier pour l’habitat
pauvre ou modeste qui n’a cessé depuis un siècle et demi de se voir détruit et
remplacé… pour d’autres populations. Les pratiques d’autoréhabilitation sont
soutenues par des associations d’accompagnement comme les Compagnons-bâtisseurs
et le réseau RéPAAR. Pour François Taconet, cofondateur et
directeur d’Habitats solidaires, elles encouragent la réappropriation
individuelle et collective des immeubles, et limitent à terme les risques de
démolition (interview ci-contre). L’enjeu environnemental de l’empreinte carbone des
démolitions-reconstructions pourrait bouleverser la donne dans les années Ã
venir. Pour l’heure, on continue de démolir comme sous Haussmann au prétexte de
désuétude ou d’insalubrité, et d’éloigner les plus pauvres. Mais réparer plutôt
que reconstruire pourrait être demain la grande idée, y compris dans les
quartiers les plus modestes, pauvres, voire informels.
L.G. et P.J.
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