Immeuble de bureaux à Paris Batignolles : la dalle thermique laissée visible compense l'absence de climatisation |
Dossier réalisé par Cyrille VÉRAN |
« Dans les secteurs de l’ingénierie, de l’industrie, les entreprises bénéficient du crédit d’impôt recherche et personne ne s’en étonne. Paradoxalement, cela semble normal de faire de la recherche en architecture sans être soutenu au même titre que ces corps de métier également liés à la construction. Pourquoi moins valoriser cette discipline ? Nous pensons qu’à bien des égards l’architecture participe à l’innovation, et qu’elle peut se prévaloir d’être une illustration particulièrement intéressante de recherche appliquée. Nous avons eu connaissance de l’outil financier qu’est le crédit impôt recherche par hasard, par l’intermédiaire d’un maître d’ouvrage. Notre première demande a permis de valoriser une partie du travail que nous avions développé sur le groupe scolaire à Boulogne-Billancourt. Cette réalisation est fondatrice de notre réflexion sur l’interaction entre l’architecture et le milieu vivant : les blocs de béton préfabriqués en façade ont été l’objet d’une longue réflexion sur les conditions d’accueil de la faune et la flore en fonction des orientations, des altimétries, et dans un contexte urbain particulier, en tenant compte de contraintes constructives spécifiques (lire d’a n°XX). Nous poursuivons cette exploration dans d’autres projets et avec d’autres techniques, notamment sur l’opération porte des Ternes, sur l’hôtel logistique Sogaris à Vitry-sur-Seine et la gare du Grand Paris Express à la Courneuve ; nous avons également répondu à l’appel à idées « Faire » lancé par le Pavillon de l’Arsenal à Paris. Pour ce projet de recherche, conduit en partenariat avec l’entreprise CEMEX, nous mettons au point de nouveaux prototypes d’éléments de façade en béton qui répondent aux conditions d’accueil du vivant (faune et flore) tout en intégrant des critères de performance thermique et structurelle. Toutes ces recherches sont développées à fonds perdu et chronophages (temps passé en études, validation auprès des différents acteurs, suivi…), même si elles sont passionnantes ! Être éligible au CIR est donc une forme de reconnaissance, un encouragement !
Il faut être têtu pour conduire une
recherche en architecture. Lever des verrous technologiques, argumenter auprès
de la maîtrise d’ouvrage, casser les habitudes des BET, des bureaux de
contrôle, des entreprises… Mais lorsqu’on réussit à finaliser un nouveau
principe éco-constructif, les maîtres d’ouvrage sont les premiers à revendiquer
ce travail.
Parallèlement à nos projets, nous avons
répondu aux appels à idées “Réinventer”, que nous considérons comme des leviers
importants pour la recherche et l’innovation. Ils permettent d’identifier les
savoirs spécifiques des architectes et de montrer qu’il existe une recherche en
architecture ; ils incitent les promoteurs à faire des offres sur le fond
et pas seulement sur l’aspect financier, et favorisent la mise en commun de
compétences dans des domaines qui n’ont pas pour habitude de se croiser. La
veille en agence porte aussi sur les appels à projet des ministères, qui font
l’objet d’une communication particulièrement discrète. Ces appels à projets de
recherche sont souvent à destination des écoles et des laboratoires. La
présence d’un doctorant à l’agence pourrait nous inciter à y répondre mais il
n’est pas facile de trouver le sujet de thèse qui coïncide avec nos axes de
recherche. Nous nous sentons paradoxalement plus proches d’initiatives menées
par des filières en écologie urbaine que beaucoup de celles développées dans
les écoles d’architecture… »
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