L'architecture ou l'art de transformer le réel. (6/9) Tabula rasa versus transformation

Rédigé par Philippe PROST
Publié le 05/05/2022

Le plan Voisin pour Paris de Le Corbusier, en mode jaune-rouge-noir, redessiné par l’Atelier d’Architecture Philippe Prost

Article paru dans d'A n°298

Les effets des deux premières révolutions industrielles combinés à ceux des deux guerres mondiales d’un côté, le triomphe du béton armé et du mouvement moderne de l’autre vont voir au XXe siècle la logique de la table rase l’emporter progressivement sur celle de la transformation. La puissance industrielle ne cesse de croître, tandis que les ressources naturelles semblent illimitées. Le sommet de cette période s’établit, sans conteste, du moins symboliquement, durant les Trente Glorieuses (1945-1975). En réalité, de la fin de la Première Guerre mondiale au « Rapport Brundtland », c’est le temps des heures sombres pour l’architecture, considérée comme l’art et la manière de transformer l’existant, le déjà bâti. Et pourtant, dans des circonstances particulières, la transformation architecturale continue d’être pratiquée.

Tabula rasa : l’expression latine fait référence à une tablette de cire vierge dont on a effacé toute inscription. Par extension, elle sera utilisée pour qualifier les opérations militaires de destruction systématique, souvent d’ordre symbolique, comme les Perses et les Romains les ont pratiquées, effaçant Athènes ou Carthage. 

« Faire table rase. » L’expression sera remise au goût du jour à la fin du XIXe siècle avec cette fois un sens politique. L’action devient l’expression d’une idéologie : rejeter tout ce qui a précédé pour prendre un nouveau départ. Le résultat est une page blanche sur laquelle on peut écrire une nouvelle histoire. Les Grecs ont profité de la destruction de l’Acropole pour la reconstruire en perfectionnant sa géométrie, en perpétuant ses bâtiments remarquables, comme les Polonais reconstruiront le centre de Varsovie après sa destruction par les nazis en cherchant à en parfaire les caractéristiques historiques et les traits patrimoniaux. Mais, dans la majorité des cas au XXe siècle, la page blanche offerte sera perçue comme l’occasion d’une rupture avec la précédente, en donnant à la ville un nouveau plan, aux bâtiments une nouvelle architecture. (...)

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