Architecte : Haddock Architecture Rédigé par Jean-François CABESTAN Publié le 18/10/2021 |
À Chantepie, dans la banlieue sud-est de Rennes, à la faveur d’une
stratégie qui a permis de contourner le cahier des charges de la ZAC où elle
s’inscrit, la jeune agence Haddock Architecture vient d’optimiser le destin
d’une parcelle en attente d’un devenir. Mono-orienté et originellement
agricole, le hangar en fond de parcelle devenu vacant abrite désormais deux
logements mitoyens.
C’est
l’histoire d’un ancien entrepreneur, propriétaire de son pavillon et de l’atelier
situé à l’arrière, à vingt minutes en bus du centre de la métropole bretonne.
Au moment de prendre sa retraite au vert, ce chef d’entreprise industrieux songe
à la rente qu’il pourrait tirer d’un bien auquel il demeure attaché, et
consulte son entourage. C’est ainsi que l’agence Haddock Architecture – Maxime
Douche et Pierre-Alexandre Poix – entre en scène, d’abord pour une mission
de conseil, puis de maîtrise d’œuvre. Limitrophe d’un tissu pavillonnaire qui caractérise
l’essentiel de Chantepie, la parcelle d’environ 1 450 m2 où
s’élèvent les deux bâtiments est incluse dans le périmètre d’une ZAC. Or, le
cahier des charges de cette dernière ne permettait pas le maintien des dispositions
fécondes de l’existant en cas de reconstruction. Se faisant détectives, les architectes découvrent l’existence
d’un article oublié du PLU intercommunal. Ce dernier prévoit que l’antériorité
de la possession de la parcelle sur la structuration de la ZAC ouvre à un
régime dérogatoire, favorable en outre à la création de surfaces de logement.
Le
pavillon lui-même est hors projet et c’est sur l’ancienne halle agricole changée
en hangar artisanal dans les années 1980 qu’intervient l’agence Haddock
Architecture. Une expertise raisonnée de l’existant conduit à la démolition de
constructions parasites pourtant récentes, et à un parti de mise en valeur de
l’ancienne structure devenue invisible sous les bardages métalliques :
portiques et fermes de chênes se révèlent propres tant à resservir qu’à ancrer
les futurs logements dans l’histoire stratifiée de cette portion de territoire devenu
suburbain. La bipartition de la halle mono-orientée en deux logements en duplex
de trois et quatre pièces dotés de jardins d’hiver résulte d’une pesée
d’intérêts économiques et de la cohérence générale de la parcelle, très bien
desservie localement. Si le principe d’une tripartition de la parcelle a été
envisagé dans les débuts, avec une entrée individuelle pour chacun, le propriétaire
a finalement préféré l’abandon de la matérialisation des limites. Il s’ensuit
une fluidité d’usage de la parcelle pour les automobiles comme pour les
piétons, conditionnée par des seuils invisibles, tacitement respectés.
Art, artifices et domesticité
Inspirée
par les typologies courantes de l’habitat et par la mono-orientation du
bâtiment investi, la distribution des duplex en deux moitiés inégales s’emploie
à transcender les irrégularités de l’existant dans une quête de purisme
architectural. Entièrement calepinée, la toiture sud devient ainsi une sorte de
lame en lévitation, dont on devine mal la texture. L’immatérialité de l’ouvrage
procède tant du miroitement de panneaux photovoltaïques et de polycarbonate juxtaposés
au même nu que de l’absence de toute gouttière ou dispositif de récolement des
eaux pluviales, pour sa part cantonné au sol, sous forme de drain. Au nord, la multiplication
de généreux jours de souffrance assure l’éclairement naturel de tous les volumes.
Au sud, la façade principale se dédouble comme dans une maison coloniale. Le
portique ainsi mis en scène ménage un ample couvert au-devant de la clôture du bâtiment
proprement dite. Celle-ci donne lieu à un exercice de style sur le plein, le
vide et la clairevoie. Ouvrantes, battantes, coulissantes ou dormantes, les
menuiseries permettent de doser la lumière, la ventilation et les vues au fil
des heures, et font de l’élévation de l’ancien hangar une page d’écriture architecturale
mouvante. De nuit, les jardins d’hiver forment lanterne et insufflent une
domesticité conviviale à cet ensemble pittoresque.
Sans
doute le temps – près de quatre ans entre les premières intentions et
l’arrivée des locataires – et la disponibilité d’architectes désireux de
marquer des points n’ont-ils pas compté pour rien dans l’aboutissement du
projet. La bonne intelligence qui a prévalu entre les partenaires – la
MOA, la MOE, mais aussi les entreprises – a notamment contribué à doter l’opération
d’ambitions environnementales non envisagées de prime abord. C’est ainsi qu’ont
été intégrés tour à tout l’isolant biosourcé, le bardage breton, la toiture
productrice d’énergie, ainsi que la récupération des eaux pluviales. Prêchée
par l’entreprise de couverture, la pulsation mécanique de l’air chaud généré
par les panneaux solaires permet de tempérer gratuitement les deux jardins
d’hiver. On saluera enfin l’esprit
de méthode et la conscience patrimoniale des architectes qui préside à une
ventilation très exacte des interventions dans l’épure d’une volumétrie donnée.
À l’intérieur des logements, le second œuvre, les meubles meublants et les
escaliers volontairement sculpturaux entrent en
résonance avec les ouvrages anciens conservés. Ce projet qui tend à douer d’un
sens particulier ce cœur d’îlot délaissé ne devrait pas passer inaperçu :
gageons que la Ville saura prendre acte du caractère d’exemplarité d’une
opération menée de façon individuelle, qui pourrait faire des petits.
Maîtres d'ouvrages : SCI
Maîtres d'oeuvres : Haddock Architecture
Entreprises : Thézé Construction, CEB, Barp Élec, Coupé Couverture, Bétin, HD Décors, Atelier Palam
Surface SHON : 192 m2 SP hors jardins d’hiver, 215 m2 avec jardins d’hiver
Cout : 410 000 euros HT
Date de livraison : juin 2021
Maîtres d’œuvre : Amas (architectes mandataires), FBAA (architecte associé), Sara de Gouy (arch… [...] |
Maîtres d’œuvre : Guinée*Potin (architectes), TUAL (BET fluides, environnement), ESTB (structur… [...] |
Maîtres d’œuvre : tact (architectes) ; PLBI (BET structure)Maîtres d’ouvrage : SNCF Gares &am… [...] |
Maîtres d’œuvre : DATA (architectes mandataires), Think Tank (architectes associés), EVP (ingé… [...] |
[ Maître d’ouvrage : Groupement local de coopération transfrontalièreArchitectes : Devaux &… [...] |
Clermont-Ferrand[ Maître d’ouvrage : client privé – Maître d’œuvre : Récita architecture … [...] |
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