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« La pensée sauvage » du philosophe et anthropologue Claude Lévi-Strauss oppose à la figure du bricoleur celle de l’ingénieur. Sans les hiérarchiser, il démontre deux logiques distinctes et redonne ses lettres de noblesse à l’activité du bricolage – ce fut d’ailleurs l’un des sujets du bac de philosophie en 2023. À la manière d’un amateur, d’un bricoleur ou à l’aide d’outil numérique, les trois jeunes designers que nous présentons ici abordent le travail du bois, plus exactement de la branche et du rondin, dans l’optique de « faire avec » ce qui se trouve sur place, une logique d’économie de moyens. Appartiennent-ils à un nouveau mouvement émergent de designers des bois, à l’image de ces étudiants en architecture de Hooke Park en Angleterre (voir le dossier du no 250 de d’a, décembre 2016-février 2017) ? Chacun utilise ces matières non exploitées, réévalue ce qui peut se faire avec ce que l’on considère comme acquis, et associe nouvelles technologies, fabrication robotique et numérisation 3D afin de mieux exploiter les matériaux organiques de la forêt.
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Cintrer le vivant La jeune diplômée Leelou Guével-Balbusquier laisse place à l’expérience du faire et de l’inattendu dans son projet « Cintrer le vivant ». Petite-fille de menuisier, la designer élabore cette collection à mi-chemin entre objets fonctionnels et objets sculpturaux, en transposant la technique du cintrage traditionnel du bois à celle d’une branche irrégulière et non standard. Comme le ferait « l’amateur », chaque erreur renseigne l’expérience suivante. Leelou Guével-Balbusquier adapte ses outils, chaque branche en tension étant emboîtée dans un autre. Les assemblages des objets sont collés, en tenon-mortaise ou en sifflet. Les branches sont écorcées et huilées et le métal brut est sablé et huilé. « La branche, qui demande moins de temps pour pousser, est un moyen économique et écologique parfaitement adapté à la fabrication de petit mobilier. » La designer va poursuivre ses recherches avec ce matériau vivant pour développer en autoproduction un principe systémique de fabrication. Chassez le naturel, il revient au galop Le tout jeune diplômé de l’ÉSAD de Reims Théo Charasse revendique un travail de recherche sur l’idée de « faire avec » lui permettant de réévaluer la valeur des choses et de redécouvrir ce que l’on considère comme acquis. Ce premier projet de diplôme est né dans une forêt du Mans de la rencontre avec un garde forestier. À partir de branches de noisetier – pour sa forme régulière –, le designer dessine une collection de mobilier. Pour la réalisation de ces pièces, il a dû (...) |
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