Giovanni di Simone, Camposanto monumentale, Pise, 1278-1464 |
Dossier réalisé par Emmanuel BRETON « La vie est tragique simplement parce que la terre tourne et que le soleil se lève et se couche inexorablement et parce que le jour viendra pour chacun d’entre nous où le soleil descendra pour la dernière fois. Peut-être l’origine de toutes les difficultés humaines se trouve-t-elle dans notre propension à sacrifier toute la beauté de nos vies, à nous empoisonner au milieu des totems, tabous, croix, sacrifices du sang, clochers, mosquées, races, armées, drapeaux, nations, afin de dénier que la mort existe, ce qui est précisément notre unique certitude. Il me semble à moi que nous devrions nous féliciter de l’existence de la mort – nous décider à gagner notre mort en faisant passionnément face au mystère de la vie. Elle est le petit point lumineux dans toutes ces terrifiantes ténèbres desquelles nous sommes issus et auxquelles nous retournerons. Il nous faut négocier ce passage aussi noblement que nous en sommes capables par égard à ceux qui viendront après nous1. » James Baldwin nous rappelle dans ce passage de La prochaine fois, le feu que c’est sous la plume d’auteurs profondément amoureux de la vie que se trouveront les mots les plus justes pour dire la mort. Camus, Tolstoï, Montaigne, Villon, Épicure nous accompagnent vers l’acceptation de cet horizon incompréhensible et indiscernable, que pourtant nous rejoindrons tous – mors certa, hora incerta. Leur capacité à dire et regarder en face cette réalité est l’envers d’un attachement puissant et lucide à cette vie que leurs personnages, témoins d’autres temps, acceptent de voir s’en aller.
1. James Baldwin, La prochaine fois, le feu, trad. Michel Sciama, Paris, Gallimard, 1963, p. 120-121. |
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