Inventer l'architecture en bois... au pays du bois!

Rédigé par Dominique GAÜZIN-MULLER
Publié le 03/09/2018

Portrait de Hélio Olga de Souza Jr.

Dossier réalisé par Dominique GAÜZIN-MULLER
Dossier publié dans le d'A n°265

Dans ce pays recouvert par les plus grandes forêts du monde, il peut sembler paradoxal qu’un ingénieur constructeur spécialisé dans le bois soit présenté comme un pionnier. C’est pourtant le cas du Pauliste Hélio Olga dont le talent, l'ingéniosité et l’éthique d’écoresponsabilité ont su fédérer autour de lui les meilleurs architectes du Brésil. 



Si l’on regrette que la grande commande publique et privée brésilienne ne fasse pas appel au talent de ces concepteurs, nous nous consolerons en découvrant ces réalisations dont les contextes et les programmes ont – vus d’Europe – un goût de paradis. Des  petites  maisons  en  bois  brut  pour  Zanine  en  1978  aux  impressionnantes  structures  en  lamellé-collé  d’aujourd’hui,  l’ingénieur-constructeur  Hélio  Olga  a  fortement  influencé  l’évolution  de  l’architecture  en  bois  au  Brésil.  Son  parcours,  porté  par  une  éthique  écologique  et  sociale,  est  balisé  d’étapes  dictées  par  une  ambition  écoresponsable  de  plus  en  plus  exigeante.


En  quatre  décennies,  les  structures  élégantes  et  précises  d’Hélio  Olga  ont  redonné  aux  Brésiliens  l’envie  de  construire  en  bois.  Avec  l’entreprise  ItaConstrutora,  qu’il  a  créée  avec  son  père  en  1980,  cet  ingénieur  a  conçu  et  mis  en  Å“uvre  près  de  1600 bâtiments,  des  pavillons  de  plage  à  des  structures  de  grande  envergure.  Au  cours  des  premières  années  de  sa  carrière,  il  a  collaboré  avec  José  Zanine  Caldas,  architecte  autodidacte  qui  construisait,  avec  du  bois  brut  issu  de  la  forêt  amazonienne,  des  maisons  et  du  mobilier  tissant  des  liens  entre  vernaculaire  et  modernité.  Hélio  a  d’ailleurs  bâti  pour  sa  famille  une  petite  maison  dessinée  par  Zanine  avant  de  concevoir  avec  Marcos  Acayaba,  sur  la  même  colline  dominant  São Paulo,  sa  fameuse  «maison-tour».  Plaidoyer  en  faveur  d’une  honnêteté  structurelle,  garante  de  rigueur  fonctionnelle  et  de  qualité  plastique,  ce  bâtiment  manifeste  a  convaincu  beaucoup  de  clients  et  servi  d’initiation  à  de  nombreux  professionnels.  Il  est  à  l’origine  de  l’éclosion  au  Brésil  d’une  architecture  en  bois  très  dynamique. Dans  les  années  1990,  le  carnet  de  commandes  se  remplit,  surtout  avec  des  résidences  de  vacances  dans  la  campagne  ou  sur  les  bords  de  l’océan.  Leur  ossature  poteaux-poutres  est  toujours  en  bois  tropical  massif.  Après  le  Sommet  de  la  Terre  de  Rio  en  1992,  le  Brésil  commence  à  s’intéresser  au  développement  durable.  Hélio  Olga  le  pratique  en  n’employant  que  des  bois  éco certifiés,  rares  dans  la  forêt  amazonienne.  Pour  être  encore  plus  conséquent,  il  décide  d’abandonner  l’emploi  d’essences  exotiques,  qui  doivent  être  transportées  sur  plusieurs  milliers  de  kilomètres.  En  1999,  il  réalise  avec  l’architecte  Marcelo  Aflalo  un  prototype  pour  l’utilisation  d’eucalyptus,  avec  des  poutres  en  lamellé-cloué.  Il  tente  ensuite  avec  l’architecte  Cristina  Xavier  une  autre  expérimentation  pour  l’ensemble  résidentiel  Villa  Taguaí,  et  améliore  la  valorisation  de  la  matière  première  en  transformant  les  chutes de  ses  structures  en  bois  massif  en  panneaux  de  murs,  planchers  et  toitures. Inventer  l’architecture  en  bois...  au  pays  du  bois! L’influence  de  l’ingénieur-constructeur  brésilien  Hélio  Olga.


Affranchissement

L’étape  suivante  est  un  saut  vers  la  production  industrielle  et  un  changement  radical  de  la  ressource.  En  2008,  une  ligne  de  fabrication  de  lamellé-collé  est  installée  dans  l’atelier  d’ItaConstrutora.  S’il  en  existe  beaucoup  en  Europe  et  au  Chili,  ce  n’est  que  la  seconde  au  Brésil.  En  s’affranchissant  des  limites  du  bois  massif,  l’ingénieur-constructeur  peut  envisager  de  plus  grandes  portées,  et  réaliser  de  vastes  équipements  et  des  bâtiments  d’activités  comme  le  pavillon  de  vente  aux  enchères  du  haras  Polana  et  son  porte-à-faux  de  12mètres.  La  préfabrication  des  éléments,  inusitée  au  Brésil,  améliore  les  conditions  de  travail  des  ouvriers  et  favorise  l’optimisation  du  processus:  meilleur  contrôle  de  la  qualité,  chantier  rapide  et  propre,  réduction  significative  de  la  quantité  de  matière.  La  démarche  d’Hélio  Olga  est  proche  de  celle  de  Konrad  Merz,  l’ingénieur  suisse  qui  a  collaboré  aux  projets  phares  du  Vorarlberg.  Avec  du  lamellé-collé  comme  avec  le  bois  massif,  Hélio  Olga  reste  fidèle  au  minimalisme.  Dans  ses  structures,  rien  n’est  superflu.  Elles  sont  «savantes,  correctes  et  magnifiques».



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