L’architecte Henri Gaudin est mort ce matin 5 mars. En retrait depuis quelques années, cette figure majeure de l’architecture française de la deuxième moitié du XXème siècle restera comme la figure la plus singulière d’un milieu professionnel dans lequel il ne s’était jamais senti à l’aise, lui préférant la compagnie des philosophes ou des poètes comme André Du Bouchet. Seul architecte français à avoir refusé le Grand prix national d’architectures en 1989, il a été deux fois lauréat de l’Équerre d’argent du Moniteur ; en 1986 pour des logements sociaux à Évry et en 1994 pour le stade Charlety à Paris (avec son fils Bruno Gaudin qui créera sa propre agence en 1998). À ces Å“uvres majeures, on pourrait notamment rajouter le pôle scientifique Saint-Leu à Amiens, Le musée Guimet, l’École normale supérieure de Lyon (les trois avec Bruno Gaudin), le palais de justice de Besançon ou le grand théâtre de Lorient. Son architecture, qui puisait dans l’intelligence spatiales du moyen-âge, l’expressivité des premiers baroques ou l’art d’Alvar Aalto, entendait proposer une alternative radicale à une modernité hyper rationaliste et fonctionnaliste héritée du néo-classicisme dont il n’a cessé de pourfendre les dérives. Dessinateur inspiré, il est aussi un des rares architectes français à s’être interrogé - en dehors de l’historiographie universitaire - sur la notion d’espace avec des Å“uvres comme La cabane et le labyrinthe (1984) ou Seuils et d’ailleurs (1992). D’architectures reviendra en détail sur son parcours atypique et Å“uvre dans sa prochaine édition.