Maison à Nishisakabe, YOSHIMURA Maki, 2019 |
« Quand la forme parle », l’exposition en cours
à la Maison de la culture du Japon à Paris (MCJP), présente les projets de
trente-cinq agences d’architecture qui ont vécu le lendemain de l’éclatement de
la bulle spéculative à la fin des années 1980 au Japon. Ébranlée par la
crise économique subséquente, cette génération de concepteurs a dû interroger sa
manière de construire face à des impératifs antagonistes. D’une part la
recherche des formes pures –héritage du courant moderne auquel ils étaient
sensibilisés –, et d’autre part l’instabilité économique et les aléas naturels.
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Activité
sismique, tsunamis, catastrophes nucléaires, contraintes financières… l’écriture
architecturale peut-elle demeurer autonome soumise à ces pressions ? Les
soixante-quatre projets exposés tentent d’y répondre. Les agences
sélectionnées, tout comme leurs œuvres, sont réparties sur tout le territoire
nippon, allant même au-delà de cette frontière pour quelques-unes. Ce panorama
étendu embrasse une variété de programmes et d’échelles : la fenêtre, la
maison, l’équipement public, le gratte-ciel… Les plans, les coupes, et les
perspectives abondent, mais l’outil de représentation privilégié par le
commissaire de l’exposition, Taro Igarashi, est la maquette. Installées dans la
boîte dans laquelle elles furent transportées depuis le Japon, les maquettes
sont regroupées par deux. Le couplage fait dialoguer des projets issus
d’agences différentes, mais dont le programme ou la démarche partagent des
similitudes. Loin d’un objet froid et monochrome, les maquettes exposées rendent
sensibles la matérialité, la forme et la pesanteur des projets, allant même
jusqu’à la représentation des phases intermédiaires de conception. C’est le cas
de Studio Velocity qui cristallise le moment de mise en tension des portiques
courbés en bois constituant la structure porteuse de leur bâtiment de bureau Ã
Sanno. Cette mise en tension est figurée par l’accrochement des pierres,
suspendues aux poutres par un fil : le contraste entre les masses
intensifie la légèreté de la structure bois.
En plus du
couplage, les projets sont aussi regroupés en trois rangées, chacune selon une
thématique : « concevoir avec la communauté », « la forme
et l’environnement », et « le nouveau rapport public-privé ». Elles
suggèrent le renouement de ces jeunes concepteurs avec les milieux locaux et
spécifiques dans lesquels ils agissent. L’autonomie de la forme, héritage du
modernisme, n’est pas écartée de leurs préoccupations. Cependant, il n’est pas
question de produire de l’Art pour l’art. Lorsqu’elles sont mobilisées, les
formes opèrent au service des communautés. Le temple Chushiin-ji de Katsuhiro
Myamoto, qui figure aussi sur l’affiche de l’exposition, est le porte-étendard
de cette médiation. Le toit en béton armé du temple, dont la forme réinterprète
celle d’une pagode traditionnelle, exprime pérennité et protection. À
l’intérieur, une structure secondaire en bois, flexible et légère, rend
possible une mutation de ces résidences selon l’évolution des usages.
« Quand la
Forme Parle » était initialement programmée en 2018 dans l’Asile Flottant,
péniche aménagée par Le Corbusier et son disciple Kunio Maekawa. Avant que les
travaux de réhabilitation (dont Shuhei Endo fut chargé en 2006) touchent leur
fin, la péniche a coulé lors de la crue exceptionnelle de la Seine en 2018. Il
faudra attendre deux ans et huit mois pour qu’elle soit remise à flot. La
présentation de cette longue et complexe réhabilitation amorce l’exposition Ã
la Maison de la culture du Japon, une occasion de rendre hommage à la rencontre
entre Le Corbusier et Maekawa.
Architectes exposants : Alphaville Architects, Manabu Aritsuka, Ryuichi
Ashizawa, Manabu Chiba, Coelacanth K&H Architects, Katsuhiko Endo, Shuhei
Endo, Tomohiro Hata, Akihisa Hirata, ICADA, Kumiko Inui, Ryoko Iwase, Yusuke
Koshima, Kubo Tsushima Architects, Keisuke Maeda, Shigeki Maeda, MIKAN, Akiko
Miya, Katsuhiro Miyamoto, Yu Momoeda, Yuko Nagayama, Hiroshi Nakamura, Ryue
Nishizawa, o+h, ofa, Ryutaro Saito, Yo Shimada, studio velocity, Daisuke
Sugawara, Tsuyoshi Tane, Tezuka Architects, Susumu Uno, Yasuhiro Yamashita,
Takashi Yonezawa, Maki Yoshimura
Quand la forme parle – Nouveaux courants architecturaux au Japon (1995-2020)
Jusqu’au 19 février
2022 à la Maison de la culture du Japon à Paris (101 bis quai Branly 75015
Paris)
Entrée gratuite
8 janvier à 15h
Rencontre avec Klaas
De Rycke, Yves Moreau, Yo Shimada, Tsuyoshi Tane
Modérateur : Shigeki
Maeda
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