Global ?
Qu’elle semble loin l’époque du « style international ». Et pourtant, même s’ils n’ont que les mots de spécificité ou de contexte à la bouche, les nouveaux jet-setters de l’architecture nous donnent souvent l’impression de cloner le même projet dans toutes les capitales du monde. Pour un Glenn Murcutt refusant de construire hors des territoires qu’il connaît vraiment, combien d’apprentis Zaha Hadid sont prêts à faire là où on leur dit de faire, reproduisant partout la griffe pour laquelle ils ont d’ailleurs souvent été mandatés. L’internationalisation de la presse spécialisée et l’heureuse propension des étudiants européens, via Erasmus, à aller apprendre loin de chez eux, ont bouleversé nos représentations des identités locales. Il est beaucoup plus difficile qu’il y a dix ans de se représenter un univers de formes ou d’attitudes à la seule évocation d’architecture espagnole, hollandaise ou suisse. La conception de maisons est encore un peu préservée de ce nivellement, sans doute parce que les modes de vie et les habitudes culturelles imprègnent encore fortement la commande. Certaines maisons publiées dans ce numéro, l’une à Rio, d’autres en Suède ou en Espagne, paraissent ainsi difficilement interchangeables.
Mais des différences subsistent encore et les percevoir exige une attention plus subtile car elles reposent davantage sur des prises de position urbaines ou des stratégies de projet face au contexte économique et social que sur des codes stylistiques. Ainsi de l’architecture en Wallonie et à Bruxelles que nous vous présentons ce mois-ci dans notre dossier. L’engagement de ses architectes dans les débats publics locaux, notamment autour du phénomène des « contrats de quartier », a sans doute aiguisé leur aptitude à la concertation. Il leur a en tout cas donné un sens particulier du rapport aux espaces publics et cette qualité fait d’eux les acteurs légitimes de la vie communautaire. EC