Bellastock |
Dossier réalisé par Caroline MANIAQUE |
« J’ai vu plein de bons exemples très différents les uns des autres. Cela m’a permis de resituer notre parcours depuis dix ans. Le point de départ de Bellastock est celui d’un groupe d’étudiants qui cherchait à se donner un cadre pour expérimenter à grandeur réelle. Ce cadre-là s’est développé à travers l’organisation d’un festival annuel puis, plusieurs années plus tard, avec d’autres moyens et toujours dans une dynamique bottom-up, de développer des missions de préfiguration d’aménagement. Nous n’avons jamais cherché à donner un aspect pédagogique de type hiérarchisé, mais nous avons plutôt essayé d’être dans un processus d’apprentissage mutuel. La notion de l’apprentissage par l’expérience était fondamentale, mais d’une manière plus globale.
Le rapport de concertation sur l’enseignement et la recherche en architecture établi par Vincent Feltesse en 2013 pointait déjà du doigt le manque de lieux d’expérimentation pour les écoles franciliennes et du nord-ouest de la France. J’ai compris alors que nous avions constitué en quelque sorte ces lieux d’expérimentation qui nous manquaient. Nous n’avions pas les mêmes capacités d’accueil que les Grands Ateliers de l’Isle-d’Abeau, mais, de manière complémentaire, nous pouvions offrir des situations très intégrées aux territoires en transformation.
Nous n’avons jamais perdu cette idée d’apprentissage par l’expérience. La démarche d’innovation – même modeste – est toujours nourrie par le partage de l’expérience.
Se confronter au réel, à la mise en œuvre des matériaux et des outils était notre point de départ. Nous avons ensuite exploré d’autres sujets à travers l’expérimentation, les outils de travail collaboratifs, par exemple, ou encore des questions de prototypage dans l’espace public comme outil de programmation de l’espace. Nous avons ainsi apporté notre expertise pour aménager l’été dernier les quais du Canal de l’Ourcq, le long desquels six emplacements ont été construits. Ces installations temporaires sont le support des expérimentations sur les usages. La finalité de ce travail n’est pas de construire, mais plutôt d’établir des préconisations pour des programmations futures.
En tant qu’association loi 1901 à but non lucratif, on ne peut pas s’inscrire à l’Ordre des architectes et on ne peut pas faire de maîtrise d’œuvre. On n’a pas le droit d’avoir une carte de visite avec l’intitulé “architecte diplômé d’État”. Il n’y a pourtant pas une seule manière d’être architecte ! On n’est pas forcé d’être maître d’œuvre pour se dire architecte. Pourtant aujourd’hui, techniquement, la situation est celle-ci : on ne peut pas signer un bâtiment. Cela nous oblige à ne concevoir que des structures temporaires, éphémères. Différentes manières de tendre vers des choses durables sont possibles, soit en s’associant à des groupements de maîtrise d’œuvre, soit en opérant comme un bureau d’études. En ce qui concerne la question du réemploi, l’association Bellastock peut être prescriptrice de matériaux comme le serait une entreprise. Bellastock fournit alors des matériaux au maître d’œuvre.
La gouvernance de l’association loi 1901 implique d’agir sans but lucratif, avec une gouvernance démocratique et avec une gestion désintéressée. Les personnes qui sont au conseil d’administration ne sont pas salariées de la structure. Mise à part cela, une association fonctionne comme n’importe quelle entreprise.
En fait, on est devant un choix éthique. Cela fait dix ans que le nom de Bellastock s’est créé avec des centaines de bénévoles, avec des savoir-faire partagés. Si on crée une société, on se retrouve comme si on allait “souiller” l’investissement mis par beaucoup de personnes dans une structure à but non lucratif. Deux choix : soit quitter l’association et créer une SARL, soit on fait changer la loi. C’est ce que nous essayons de faire aujourd’hui, nous sommes à la fois architectes, urbanistes, pédagogues, activistes, animateurs, mais aussi jardiniers. »
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N° 250 - Décembre 2016
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