Peut-on innover en apprenant ? Le design/build et l’apprentissage expérientiel - amàco, l’atelier matières à construire

Rédigé par Dominique GAÜZIN-MULLER
Publié le 06/12/2016

L’objectif d’amàco est de faire découvrir la matière par l’expérimentation et l’erreur

Dossier réalisé par Dominique GAÜZIN-MULLER
Dossier publié dans le d'A n°250 Expérimenter, se tromper, s’émerveiller ! Pour transmettre les connaissances sur les comportements de la matière et les caractéristiques des matériaux qui en découlent, amàco développe depuis 2012 des contenus, des outils et des méthodes pédagogiques inédits. Ateliers, conférences, vidéos, publications et expositions essaiment à l’échelle internationale ces expériences qui diffusent la joie d’apprendre et de partager.

Labellisé « initiative d’excellence en formations innovantes Â», le centre de recherche et d’expérimentation amàco associe approche scientifique et vision poétique pour revaloriser les matières brutes les plus communes, comme la terre et les fibres végétales. Il transforme ainsi notre regard sur le monde, et stimule l’émergence d’une architecture ancrée dans le territoire. Ses fondateurs, Lætitia Fontaine et Romain Anger, ont initié cette démarche avec l’exposition itinérante « Ma terre première, pour construire demain Â», présentée entre autres à la Cité des sciences et de l’industrie de Paris-La Villette en 2009 et au musée des Confluences à Lyon en 2016. Avec une équipe pluridisciplinaire de quatorze personnes, dont des architectes, des ingénieurs et des artistes, ils étendent peu à peu leurs recherches à d’autres matières : bois, paille, chanvre, laines, eau, air, etc. Plus de 100 vidéos didactiques en trois langues accompagnent des manipulations scientifiques présentées de manière esthétique et ludique. Les participants des ateliers pratiquent la physique appliquée, redécouvrent les savoir-faire traditionnels et se nourrissent d’œuvres d’art inspirantes.

Selon amàco, « l’objectif est de contribuer à un changement de paradigme en redonnant au corps et à l’émotion une importance au moins égale à celle que possède aujourd’hui l’intellect dans l’appréhension et la compréhension de la matière Â». L’équipe tisse donc des liens subtils entre science, construction, architecture, art et philosophie. Elle en tire un enseignement fondé « sur la redécouverte du génie de la nature et de l’invisible complexité que revêt son apparente simplicité Â». Les principes pédagogiques tiennent en quelques mots : éveil de la curiosité et du désir d’apprendre, approche sensorielle et exploration créative de la matière, réinterprétation de logiques vernaculaires. Mais l’apprentissage ne se limite pas à la petite échelle ! Quand ils commencent à maîtriser le matériau, étudiants, stagiaires et professionnels sont invités à concevoir des structures selon un processus d’intelligence collective, puis à les réaliser ensemble.


Hors les murs

L’équipe d’amàco enseigne en formation initiale et continue au niveau local, national et international. Si les Grands Ateliers de Villefontaine offrent un cadre idéal à ses explorations, la transmission s’exerce souvent hors les murs. Plusieurs workshops ont ainsi été organisés en Europe, en Amérique du Sud et en Afrique, comme à l’École d’architecture de Marrakech en novembre dernier, dans le cadre de la COP 22. Lors du congrès de l’UIA à Durban en 2014, les démonstrations sur la physique des grains et des fibres ont attiré de nombreux visiteurs dans le Pavillon de la France, dédié aux matériaux écolocaux. Et sous le titre « Atelier matières à construire – Matières à transformer l’architecture Â», la démarche a également été exposée en 2016 dans le Pavillon français de la 15e Biennale de Venise, parmi le vivier d’initiatives engagées choisies par Frédéric Bonnet et le collectif AJAP14.

Les recherches d’amàco ont des retombées très concrètes. L’équipe travaille ainsi avec des entreprises et des collectivités territoriales au développement de filières de matériaux à base de ressources locales, comme des briques et panneaux en argile, chanvre et cellulose pour un projet d’aquitanis, l’Office public de l’habitat de Bordeaux Métropole. Cette approche est magnifiquement illustrée dans l’exposition « Terres de Paris Â», actuellement présentée au Pavillon de l’Arsenal. Ses commissaires, Serge Joly et Paul-Emmanuel Loiret, proposent d’utiliser les 43 millions de tonnes de déblais de terre du Grand Paris pour construire des immeubles en milieu urbain.

Lors des rencontres sur l’apprentissage expérientiel de Lyon en octobre 2016, les intervenants étrangers ont tous souligné le caractère unique de l’approche d’amàco. Huit mille étudiants, professionnels et amateurs du monde entier, formés depuis quatre ans par cette dynamique et généreuse équipe, en ont fait l’expérience : la matière transforme celui qui lui donne forme !



Lisez la suite de cet article dans : N° 250 - Décembre 2016

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