Participant au renouvellement urbain du boulevard
Ney et de la porte de Clignancourt, le nouveau
bâtiment opère une scission en deux volumes
reliés par un socle commun occupé par la crèche.
Cette densification d’une parcelle existante des
années 70 permet d’aligner le bâti au boulevard,
de mieux le tenir et de l’animer. Respectueux de
l’architecture moderniste des tours existantes, le
positionnement des deux plots de 6 et 9 étages
qui se font face, et leur épannelage en retraits
successifs, parviennent à libérer des vues pour
les tours existantes comme pour les nouveaux
logements et favorisent l’ensoleillement de la cour
de la crèche. Par un jeu d’effets de glissement,
les étages sont traités comme des strates prêtes Ã
coulisser qui affinent les volumétries. Aux angles
droits des tours existantes s’opposent les angles
arrondis du bâtiment, qui présentent un jeu de
matériaux favorisant transparence et lumière.
Des jeux d’assemblages géométriques de briques
dessinent un motif délicat animant les façades
tandis que leurs angles et les garde-corps des
terrasses et loggias sont faits d’un assemblage
aérien de briques ajourées, comme des
moucharabiehs modernes. L’utilisation de la brique
pleine et du mode constructif poteaux / dalles /
remplissage dialogue avec l’histoire des HBM, tout
en assumant par sa couleur blanche et ses jeux
de modénature un langage très contemporain.
INSERTION URBAINE
Situé au nord du XVIIIème arrondissement de
Paris, en plein cœur du quartier de la Porte de
Clignancourt, le projet s’implante sur une parcelle
entre le mail Croisset au nord, le boulevard Ney
au sud, entre un bâtiment de la préfecture de
police couplé à des logements à l’ouest (dits
« le Carré ») et une future nouvelle voie à l’est
reliant le boulevard Ney à la rue Jean Cocteau.
Situé à environ 300 mètres de la porte de
Clignancourt et à 500 mètres de la porte de la
Chapelle, le site bénéficie d’une bonne desserte
à la fois routière et en transports en commun.
Inscrit dans le projet d’aménagement du
secteur Clignancourt/Poissonniers dans le
cadre de l’opération Paris Nord Est, le site
s’est métamorphosé pour laisser place à un
ensemble de logements sociaux structurants,
accompagnant la requalification du boulevard Ney
dont la mutation s’opère actuellement, notamment
grâce à l’arrivée du tramway et des projets
d’aménagement du secteur autour de la porte
Poissonniers.
L’implantation des volumes s’est naturellement
faite en continuité du jeu de quinconce des tours.
La plus forte contrainte qui était de préserver
les vues bénéficiant aux tours existantes, a
amené à travailler une scission en deux volumes
distincts reliés par un socle commun en RDC
de manière à créer un front bâti fragmenté :
un volume de 9 étages à l’ouest et un volume
en 6 étages à l’est qui viennent occuper
l’angle de la partie sud-est de la parcelle.
LOGEMENTS
Conçu comme un bâtiment homogène malgré
sa décomposition en deux plots, il se glisse
le long du boulevard Ney comme deux objets
sculptés développant en cœur d’îlot un système
de terrasses en gradins, comme autant de
multiples strates paysagères offrant un
maximum de dégagement aux logements.
Les deux plots de logements ont été
conçus pour former un tout : l’égalité de
traitement dans le choix des matériaux et
des couleurs crée une cohésion globale.
Les logements sont en majorité traversants
ou double-orientés, voire triple orientés.
Ils se prolongent par de grandes terrasses
permettant de mettre en relation par l’extérieur,
un séjour, une chambre et/ou une cuisine
et de « voir chez soi depuis chez soi ».
Certains logements privilégient la séparation zone
nuit / zone jour. D’autres, au contraire, privilégient
une chambre commandée par un séjour pour des
usages différenciés (bureau, salle à manger, salle
télé, salle de jeux, « suite parentale », etc…).
Espaces extérieurs généreux
La scission en deux volumes différenciés
et leur découpe en gradins tournés vers le
cœur d’ilot permettent d’offrir un ensemble
d’espaces extérieurs constitués de loggias
et de terrasses. Bénéficiant aux logements
orientés sud, est et ouest, elles sont
l’opportunité d’être utilisées comme espaces
d’usage à part entière avec vues dégagées,
tout en permettant de structurer la façade.
Chaque logement possède un espace extérieur
généreux traité en loggia inscrite dans le
volume. Les loggias creusées dans les volumes
en briques forment le caractère de la façade.
Les espaces extérieurs prolongent les séjours
largement vitrés sur l’extérieur et participent
à la qualité du logement. Des filtres de briques
viennent les protéger par rapport aux vis-à -vis des tours environnantes rendant ces
balcons comme de véritables extérieurs Ã
soi, appropriables comme on l’entend.
PERCÉES VISUELLES
ET COMPOSITION
PAYSAGÈRE
Les espaces libres végétalisés extérieurs
prévus sur le projet respectent le principe
de nécessaire transparence visuelle et
de respect de la composition paysagère
existante des pieds des tours.
La continuité des aménagements a été privilégiée,
en traitant de manière spécifique la géométrie
du socle de la crèche. Sa forme arrondie et
particulière remplit ainsi un double objectif :
rappeler subtilement les courbes des volumes
du bâtiment projeté, créer une cour et un parvis
en relation visuelle et conserver quelques arbres
existants, qui se trouvent ainsi intégrés au projet.
Les courbes douces permettent d’apporter une
certaine poésie à cet espace dédié aux jeunes
enfants. Ces deux « patios » formant deux retraits
arrondis permettent aussi de mettre en valeur
le volume de la crèche et du socle en apportant
une porosité visuelle avec le cœur d’ilot depuis
le boulevard Ney en empêchant de trop enfermer
la cour arrière réservée aux enfants. Un filet
en maille inox protège la cour à l’arrière. La
terrasse au-dessus de la crèche est végétalisée.
MATÉRIALITÉ
La nécessité de favoriser le dialogue entre le
projet et les tours existantes imposantes a guidé
le travail de composition des façades et le choix de
leurs matériaux. Ainsi la volumétrie particulière du
bâtiment a suggéré naturellement l’utilisation d’un
matériau spécifique qui domine le projet, et qui
est décliné en différents effets : la brique pleine.
L’envie d’éviter l’effet monolithique a produit un
travail de façade recherché, qui joue des textures
de matériaux et des effets d’ombre, faisant
oublier la lecture d’un bâtiment traditionnel. Par
choix, toute la hauteur des façades n’est pas
traitée uniformément, grâce à différents jeux de
textures et de modénatures qui les ponctuent
et les animent. Des trumeaux sont remplis
par un assemblage géométrique de briques
dessinant un motif délicat tandis que les angles
des façades et les garde-corps des terrasses et
loggias sont constitués d’un assemblage aérien
de briques ajourées affinant la silhouette du
bâtiment, comme des moucharabiehs modernes.
C’est par un jeu de parement arrondi en briques
de la façade en rez-de-chaussée que les entrées
des deux halls de logements sont annoncées,
comme un véritable signal visuel à l’échelle de la
rue, rappelant les volumétries courbes des étages
supérieurs. Ce principe permet d’unifier l’ensemble
de l’opération et d’assurer ainsi une résistance et
une pérennité nécessaires en rez-de-chaussée.
Maîtres d'ouvrages : CDC Habitat
Maîtres d'oeuvres : ITAR
Entreprises : Oriane du Chéné
Sibat BET TCE, HQE et économiste
Gamba BET Acoustique , Bouygues Bâtiment Ile-de-France Habitat Social
Surface SHON : 5 200 m²
Cout : 9,9 M€ HT
Date de livraison : Juillet 2020