chaque logement a un caractère individuel tout en préservant l'unité générale. Le choix du badigeon blanc facilite l'entretient par chacun. |
Dossier réalisé par Raphaëlle SAINT-PIERRE À Cornebarrieu (Haute-Garonne), dans la ZAC Monges, l’agence toulousaine PPA de Jean-Manuel Puig et Guillaume Pujol a livré la première phase d’un ensemble d’une centaine de logements individuels groupés desservis par des cheminements piétons, destinés à la location et la primo-accession. En collant à la topographie naturelle du site, elle est parvenue à mêler références vernaculaires et modernes, sans jamais tomber dans l’anecdotique, et à viser la qualité en restant dans une enveloppe économique restreinte. |
Les architectes de PPA ont poursuivi au niveau de l’îlot le travail approfondi effectué à l’échelle de la ZAC Monges par les urbanistes Bruno Fortier et Frédéric Bonnet (agence Obras) et le paysagiste Michel Desvigne pour l’aménageur Oppidea. « Grâce à leur vraie stratégie et leur continuité de pensée, ils ont rendu ce projet possible », se réjouit Jean-Manuel Puig. Proche des usines d’Airbus, cette petite ZAC de campagne laisse une place importante à la nature et offre un exemple opposé au développement toujours plus étalé de la métropole toulousaine. « Aujourd’hui, on rejoint Montauban sans jamais quitter les lotissements pavillonnaires ! » déplore-t-il. Autre particularité de la ZAC : des aménagements publics de qualité, dont un grand parc, ont été lancés avant la construction des îlots pour créer un lieu en connivence avec le paysage et non guidé par la voirie. L’agence PPA répond au concours promoteur-architecte avec le bailleur social Promologis, avec lequel il entretient une affinité et une confiance, et avec European Homes, « un énorme groupe promoteur-constructeur qui, depuis 1973, a la réussite silencieuse dans les zones périurbaines avec une architecture pauvre mais qui sait s’adresser à des primoaccédants ».
Le hameau comme référence
Adossé à une forêt de chênes, le terrain en pente de 26 000 m2 est orienté au sud et profite d’une belle vue. Le plan initial voulait disposer deux ensembles de maisons en bandes de part et d’autre d’une rue centrale. Mais PPA prend le parti de le désorganiser et de jouer avec les courbes de niveaux et la référence du hameau pour obtenir « un petit ensemble de maisons modestes qui, par la complexité de leur assemblage, produit des regroupements plus riches, des espaces à vivre plus intéressants, à l’intérieur d’une trame très systémique comme dans les années 1960 », détaille Jean-Manuel Puig. Trois clairières en gradins accueillent dix-sept unités de voisinage d’échelle intermédiaire, entre l’îlot et le logement privatif, composées chacune d’une dizaine d’habitations et bordées de sentes et de placettes. Un mur périphérique de soutènement enclot chaque unité, à l’intérieur de laquelle les jardins sont séparés par des haies. Les architectes obtiennent ainsi une densité de 40 logements à l’hectare. « Avec un lotissement, il y en aurait eu moitié moins et les habitants ne se seraient jamais croisés. » Une voirie réduite à sens unique dessert des poches de stationnement tandis qu’un réseau de cheminements exclusivement piétons serpente pour rejoindre chaque habitation. « Le maître d’ouvrage a eu le courage de ne pas mettre d’accès en voiture et, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, cela ne pose pas de souci aux habitants » : tout s’est bien vendu et il n’y a pas eu de retour négatif à ce sujet.
Les architectes travaillent sur la base d’un module carré de 10 mètres par 10, contenant un logement en L autour d’un jardin privé. Ils varient les assemblages et les décalages, de manière à favoriser l’intimité, l’ensoleillement et les vues sur la forêt, le parc ou le lointain. Avec ce jeu sur les pleins et les vides, l’ensemble bâti semble se creuser. Mais cette typologie, coûteuse à cause du développé de façades, entraîne PPA à opter pour une construction simple, afin de coller aux prix ultra-compétitifs des constructeurs de maisons individuelles (moins de 1 000 euros le mètre carré) : des briques, un enduit à la chaux et un badigeon général blanc pour unifier. « Ce blanc n’est pas un parti pris esthétique à la japonaise, abstrait ou minimal, il sert à gommer les éléments connotés pour être simple, unitaire, pour que les gens puissent animer les maisons dans un cadre retenu. » Les architectes de PPA s’inspirent du hameau de montagne pour l’organisation (adaptation empirique des bâtiments aux conditions paysagères et topographiques) et des villages méditerranéens du pays catalan pour la blancheur, telles les maisons badigeonnées de Cadaqués. Leurs références sont aussi à chercher du côté d’Eduardo Souto de Moura ou de l’Atelier de Montrouge « pour la variété et la qualité spatiale produites dans le cadre d’un ordre géométrique sophistiqué et rationnel », l’insertion dans le paysage d’une architecture moderne inspirée par le vernaculaire et la création d’espaces collectifs porteurs de vie sociale.
Maisons adaptables
L’agence est parvenue à motiver l’entreprise Technal, basée à Toulouse, dans la reconquête du logement privé où le PVC a tendance à régner. Ensemble, ils mettent au point sur ce chantier « un petit vocabulaire qui définit l’ouverture et son occultation » : un assemblage en aluminium anodisé associant des menuiseries très simples et un volet coulissant ultra-économique car composé d’une unique feuille pliée sur quatre côtés insérée sur un rail coulissant.
Les maisons sont répétitives, mais à personnaliser. À l’intérieur aussi, une certaine liberté d’aménagement est favorisée avec des espaces peu cloisonnés, adaptables à divers modes de vie, des surfaces et des volumes optimisés avec des doubles hauteurs, des distributions que l’on peut s’approprier par des usages personnels, comme un coin bureau. « Nous gardons toujours un lien à la commande de la maison individuelle, c’est un laboratoire pour ce type de projets : on pense le logement collectif comme une somme de clients privés. Sans cette culture de l’habitat individuel, nous aurions fait Monges différemment », conclut Jean-Manuel Puig.
[ Maîtrise d’œuvre : PPA architectures (Jean-Manuel Puig et Guillaume Pujol, Vincent Prunonosa chef de projet, Vincent Candau, Aurélie Fabre, Caroline Isnard) – Paysagiste : Emma Blanc – BET général : Grontmij – Économiste : Alayrac – Consultant HQE : Soconer – Suivi de chantier : Execo – Maîtrise d’ouvrage : Promologis, European Homes – Shon : 9 000 m2 – Prix : 12,5 millions euros HT – Calendrier : concours en 2010, 14 mois d’études, 18 mois de travaux, livraison 1re phase en mars 2015 (30 logements Promologis et 40 European Homes) ]
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N° 246 - Juillet 2016
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