Les maisons oui, mais groupées : Des « collectifs de maisons » au Havre, par Philippe Madec

Rédigé par Raphaëlle SAINT-PIERRE
Publié le 24/06/2016

un garage, une cour d’entrée et un stationnement sous pergola précèdent la maison.

Dossier réalisé par Raphaëlle SAINT-PIERRE
Dossier publié dans le d'A n°246

« La ville écoresponsable et durable de demain est très attachée à la proximité. Le déplacement contraint pour chacune des actions à mener est insupportable, martèle Philippe Madec, lauréat en 2012 du Global Award for Sustainable Architecture. Quand vous engagez la négociation sociale jusqu’au bout avec les futurs habitants, que les enjeux de densité sont discutés, ils deviennent acceptables. Â» Ses préconisations : dessiner des parcelles plus profondes que larges afin de réduire l’impact des voies automobiles, minimiser l’emprise au sol du bâti initial, s’adapter au plus près du terrain – en se passant de sous-sol â€“, mais promouvoir le R+2 et prévoir des lieux partagés.

Entre 2009 et 2014, Philippe Madec a construit en banlieue du Havre 53 maisons passives réparties dans trois opérations multisites simultanées avec le promoteur Brémond, pour Foncière Logement. En lisière d’un bois, le quartier Henri-Dunant a une mauvaise réputation. Le but de Foncière Logement était de créer de la mixité sociale en y attirant des habitants avec des revenus supérieurs et en les retenant ainsi de s’installer plus loin. Le projet initial comportait 14 maisons isolées avec une voirie centrale dans un plan type de lotissement pavillonnaire, où seule une partie d’entre elles profitait d’une bonne orientation. « Faire un lotissement face aux barres voisines aurait créé une différence beaucoup trop forte entre les habitants Â», ajoute Philippe Madec. Il opte donc pour ce qu’il appelle « un collectif de maisons Â», où la mitoyenneté aide à la solidarité et à réduire la consommation de chauffage grâce à une meilleure isolation. Les parcelles dessinent des lanières de 58 à 73 mètres de long pour 7 mètres de large. « La parcelle monde permet de nommer les lieux, d’offrir autre chose que la piste du chien qui tourne autour de la maison. Fabriquer des mondes, c’est plus intéressant que de fabriquer des objets. Â» Au nord, il propose un potager avec son abri, puis le stationnement et un garage fermé, la voie résidentielle, une courette d’entrée avec un arbre et le volume de tri des déchets. Viennent ensuite la maison tournée au sud sur la terrasse et le jardin, un verger et au bout une bâtisse de 20 mètres carrés couverte et protégée sur trois faces, en attente de fonction, avec un second accès par l’arrière.

Dans la ZAC Montgaillard, Philippe Madec commence par dégager un merlon pour épargner aux habitants le bruit de la route. Les 19 parcelles profondes, tracées sur un plan général hémicirculaire, forment un cÅ“ur d’îlot protégé, avec potagers et vergers. Quant aux 20 maisons du quartier Florimond-Laurent, elles complètent un morceau de ville dans une démarche de couture urbaine. Dans cette dernière réalisation, Philippe Madec donne une échelle à l’opération, face aux barres existantes, avec des maisons en R+2 pour « produire une forme urbaine qui a sa force Â» dans une logique d’alignement sur rue. Il crée un cheminement qui laisse passer la ville, ainsi qu’une rue intérieure, pour ne pas offrir aux voisins la vue sur les véhicules stationnés. Ici, comme dans les autres opérations havraises, les clôtures sont en bois à l’extérieur et végétalisées à l’intérieur.



Lisez la suite de cet article dans : N° 246 - Juillet 2016

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