Construire en composites : une nouvelle culture architecturale ? - La translucidité structurelle des composites - Abri pour voyageurs, île de Naoshima, Japon - Architectes : Sanaa

Rédigé par Karine DANA
Publié le 01/03/2018

D'une hauteur de 8 m, un agglomérat de bulles en composite de 4 m de diamètre est accroché sur une structure tridimensionnelle en bois qui fait office de cadre.

Dossier réalisé par Karine DANA
Dossier publié dans le d'A n°260

Pour remplacer le bâtiment de l’ancien terminal du village de Honmura – l’un des deux principaux ports de l’île japonaise de Naoshima, célèbre pour sa scène artistique contemporaine – les architectes Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa ont livré tout récemment un nouvel équipement destiné à accueillir les passagers en attente d’embarquement et à abriter leurs vélos et motos.

Pour la réalisation de cet espace intermédiaire, l’agence prend le parti de fabriquer un « milieu », changeant au gré du climat et du moment de la journée. Par-delà la métaphore du nuage, cet espace public couvert et translucide doit être abordé comme une expérience plutôt qu’un aménagement.

D’une hauteur de 8 m, un agglomérat de bulles en composite de 4 m de diamètre est accroché sur une structure tridimensionnelle en bois qui fait office de cadre. Cette ossature bois a simplement permis de positionner les coques en FRP (fibre reinforced polymer) qui ont ensuite été collées et raccordées entre elles sur site après avoir été moulées au contact sur un ballon en atelier. D’une épaisseur de 5 mm, les bulles présentent une surface lisse à l’intérieur et un aspect peau d’orange à l’extérieur. Le composite a en effet été utilisé brut de finition. La fibre de verre a été enduite sur ses deux faces de résine polyester. Les bandes de jointure posées entre les éléments sont laissées apparentes.

L’agence défend ici une approche artisanale du composite en structure. Elle renoue avec les premières expérimentations sur le matériau et explore les grandes qualités de transmissions lumineuses de la fibre de verre. Il n’y a jamais la même ambiance autour et à l’intérieur de cette enveloppe particulièrement visible de nuit quand elle est éclairée de l’intérieur. Et quand la pluie vient frapper la peau extérieure, l’abri se transforme en caisse de résonance. « Nous voulions créer quelque chose qui soit un point de repère pour les insulaires et pour les personnes qui visitent l’île pour la première fois, afin qu’ils puissent facilement trouver le point d’embarquement des bateaux. Avec ces objets tridimensionnels et semi-transparents, nous avons essayé de produire un lieu dans lequel les gens ressentent que la lumière extérieure remplit l’espace intérieur », expliquent les architectes, qui offrent ici – par l’usage du composite en structure – une réponse tant atmosphérique que phénoménologique à une problématique aussi fonctionnelle que les flux et le parking.

 

Fiche technique :

[ Maître d’ouvrage : ville de Naoshima

Programme : espace d’attente, parking à vélos, toilettes

Maîtres d’œuvre : Sanaa, Kazuyo Sejima + Ryue Nishizawa (associés), Kazuyo Sejima, Ryue Nishizawa, Rikiya Yamamoto, Hyeri Lee, Takayuki Furuya

BET structure : ARUP (Mitsuhiro Kanada, Masamichi Sasatani, Kazuma Goto) ]

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