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Dossier réalisé par Christine DESMOULINS Entretien avec Lorenzo Diez, directeur de l’ENSA de Nancy et rapporteur du groupe innovation de la Stratégie nationale pour l’architecture |
DA : SUR QUOI VONT CONCRÈTEMENT DÉBOUCHER LES
TRAVAUX DU GROUPE INNOVATION DE LA SNA DANS LES ÉCOLES D’ARCHITECTURE ?
Lorenzo Diez : Dans le cadre du rapport, notre
groupe de travail a proposé une petite révolution dans le milieu de
l’architecture afin que l’innovation repose sur une nouvelle alliance
entre enseignement, recherche et profession. Nous sommes partis du constat
que trop peu d’écoles d’architecture développaient des liens avec le
milieu professionnel et l’industrie afin de structurer un dispositif
d’innovation organisé et pérenne. Notre proposition est somme toute
bien simple. Elle consiste à faire, en matière d’innovation en
architecture, ce que font les autres disciplines universitaires, notamment
dans le domaine de l’ingénierie ou du management. Il s’agit de renforcer
les liens entre les écoles et leurs laboratoires de recherche et les
agences d’architecture afin de pouvoir accéder aux dispositifs d’aide à l’innovation
de droit commun que sont les contrats CIFRE (convention industrielle de formation
par la recherche en entreprise) du ministère de la Recherche, ou encore le crédit
d’impôt recherche et le crédit impôt innovation. Vous allez me dire : «
Pourquoi n’y avons-nous pas pensé avant ? » À mon avis parce que par
certains côtés le fait de raisonner en termes de profession protégée installe
des habitudes intellectuelles qui nous masquent des champs de
développement potentiel. Définir les agences comme des entreprises
correspond à , certes, un glissement sémantique, mais aussi à une réalité plus
pragmatique qui nous ouvre des nouveaux horizons pour financer les
recherches et innovations en architecture. Aujourd’hui, force est de
constater que l’innovation, c’est l’architecte qui la paie en nuits
blanches !
DA : COMMENT FONCTIONNE LE CIFRE ?
LD : Géré par l’Association nationale de
la recherche et de la technologie, le CIFRE s’inscrit dans la
politique du ministère de la Recherche pour le rapprochement des systèmes de
formation, de recherche et d’innovation avec les milieux socioéconomiques. Il
développe les partenariats entre les laboratoires de recherche publique et
les entreprises pour favoriser l’emploi des docteurs par les
entreprises. Il cofinance la formation d’un doctorant recruté par une
structure qui lui confie une recherche liée à sa propre stratégie de
R&D et qui servira de support à une thèse de doctorat en collaboration avec
un laboratoire de recherche.
DA : QUEL EST L’INTÉRÊT DE SON APPLICATION DANS
LES AGENCES ?
LD : Nous avons pensé que la première «
innovation » serait d’aider les agences, qui sont des entreprises, Ã
bénéficier de ce dispositif ouvert à tous. Leur petite taille, si elle paraît
être un obstacle au premier abord, pourrait donner lieu à des
regroupements inédits, à l’image des collectifs d’architectes qui
fleurissent aujourd’hui. Atteignant une taille critique, ces consortiums
d’agences pourraient ainsi embaucher des doctorants sous contrat
CIFRE et porter un projet de recherche appliquée fortement lié à la
pratique architecturale et susceptible de devenir un atout pour une
discipline.
DA : COMMENT FONCTIONNERA L’ACCOMPAGNEMENT DU
DISPOSITIF AU SEIN DES ÉCOLES ?
LD : Les solutions sont à inventer ici
aussi. À Nancy, dans le cadre du projet stratégique « Région
Architecture1 » que nous mettons en place notamment avec l’école d’architecture
de Strasbourg et les professionnels, nous envisageons la mise en place d’une
plateforme de conseil au montage de dossiers pour obtenir les financements
et mettre en lien les agences d’architecture, les laboratoires des
écoles et les candidats au doctorat. En effet, il s’agit de faire émerger collectivement
les sujets de recherche et d’innovation qui bénéficieront pleinement au
développement du milieu professionnel de l’architecture et par conséquent
à l’évolution des enseignements en architecture. L’autre vertu de ce
dispositif est de permettre à des jeunes de cumuler en trois ans une
première expérience professionnelle et un diplôme de docteur en
architecture.
1. Appel
collectif en cours lancé par les acteurs de l’architecture de la future
région Alsace-Champagne- Ardenne-Lorraine et qui ambitionne de faire de
l’architecture une filière d’excellence régionale (www.regionarchitecture.eu).
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