La Butte Rouge depuis la rue Albert Thomas © Barbara Gutglas |
En 2021, l’architecte et
historien Jean-Louis Cohen (1949-2023) défendait encore sa préservation dans
une tribune
dans Le Monde. Depuis 2017, la cité-jardin de la Butte-Rouge
à Chatenay-Malabry est l’objet d’un vaste projet de remodelage et de
démolition. La municipalité justifie un manque de mixité social pouvant être
remédié par une opération immobilière privée de logements de standing. Bien
qu’en 2020 un recours contre le projet ait été gagné par l’association
d’habitants Sauvons la Butte-Rouge, la cité-jardin demeure encore la
cible des démolisseurs. |
Lieu de mémoire
de la naissance du logement social en France, la réalisation de la Butte-Rouge
voit le jour sous l’impulsion d’Henri Sellier. Figure du socialisme francilien
des années 1910, il croit à un projet social d’envergure pour la banlieue
parisienne et prend la tête en 1915 de l’Office des HLM de la Seine avec lequel
il achète des terres à Chatenay-Malabry. Inspirés par la Letchworth Garden City
de Raymond Unwin et les Siedlungen de Berlin et de Francfort qu’ils ont visité,
les architectes Joseph Bassompierre, Paul de Rutté, Paul Sirvin et le
paysagiste André Riousse réalisent entre 1931 et 1965 la cité-jardin de la
Butte Rouge. L’opération est pour l’époque, une des plus fortes revendications
de modernité pour un organisme de logement social européen. Elle reprend les principes
hygiénistes mais aussi formalistes de la modernité, s’intègre dans la
topographie du site et dialogue avec la nature. La Butte Rouge compte
aujourd’hui 3 800 logements répartis sur 70 hectares. Elle se présente
comme une unité formelle maîtrisée depuis l’échelle paysagère à l’habitabilité
du logement. Depuis 2008, elle est labellisée « Patrimoine du XXe
siècle », un label n’ayant ni valeur juridique ou financière. À travers le
siècle, la cité a résisté aux additions et démolitions. Mais en 2017, son
avenir se fragilise lorsque la municipalité fait part de sa volonté de démolir
1300 logements. Les habitants et riverains se mobilisent afin de contrer le
projet. Soutenus en 2019 par la communauté des architectes et urbanistes
rassemblant entre autres Patrick Bouchain et Alexandre Chemetoff, l’association
va jusqu’à faire intervenir l’historien Jean Louis Cohen qui donnera une
conférence à Chatenay-Malabry même. À l’issue de ces mobilisations, le tribunal
a retenu le recours contre le projet en 2020. Bien que la municipalité ait
initié un classement de la cité-jardin en Site Patrimonial Remarquable (SPR),
celui-ci ne comprend que la moitié de la Butte-Rouge et permet à nouveau des
opérations immobilières accompagnées de démolitions. L’association lutte aujourd’hui pour un
classement intégral des bâtiments et des espaces paysagers.
- pour en savoir plus sur les mobilisations : sauvonslabutterouge.org
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