Le musée sans bâtiment, Yona Friedman |
Jusqu’au 3 juillet 2022, le Quadrilatère accueille sa dernière exposition avant d’entamer une restructuration en profondeur. Les artistes ont eu carte blanche pour prolonger les propos du travail de Yona Friedman, dans des salles vouées à faire peau neuve. C’est l’agence Chatillon Architectes, qui hérite de la restructuration. Cette ancienne Galerie nationale de la Tapisserie date de 1976. Aujourd’hui, le musée s’efface aux pieds d’un vertigineux édifice : la cathédrale Saint-Pierre. Il rouvrira ses portes au printemps 2024, avec une identité davantage affirmée. |
C’est sous un soleil radieux que l’arrivée se fait au Quadrilatère. Le regard est tout de suite happé par la cathédrale Saint-Pierre : plus haut cœur gothique au monde. À ses côtés, le musée se fait tout petit. Or, les plateaux s’étendent sur plus de 2000 m2. Afin de ne pas mettre l’accent sur le bâtiment mais plutôt ses alentours, l’architecte André Hermant s’est servi de la topographie du site pour enterrer celui-ci. Pour autant, la lumière pénètre chaque recoin. L’agence Chatillon Architectes compte respecter ces principes. Tout en redéfinissant l’inscription du musée dans son site, ils travailleront sur l’accessibilité et la mise aux normes du bâtiment.
L’exposition commence dans l’entrée. Cécile Le Talec est l’artiste invitée par le Quadrilatère pour l’année 2022. Sa première œuvre invite le visiteur à s’allonger et contempler le plafond voûté en béton. Le parcours sensoriel évoque le langage et les territoires à travers le son. L’artiste met l’accent sur la pluridisciplinarité de l’art en collaborant avec des tisseuses berbères, des scientifiques, des musiciens… Première conversation avec des concepts de Yona Friedman.
Arrive ensuite la découverte de la pièce maîtresse. L’exposition mobile, toute droit venue du FRAC Dunkerque, est présentée par la directrice du musée, Lucy Hofbauer. Découverte d’espaces généreux dans lesquels sont activés les concepts de Yona Friedman. De grandes baies vitrées offrent des connexions privilégiées entre les œuvres, modernes, et la cathédrale, gothique. Les œuvres de l’artiste-architecte hongrois viennent du fond du Centre national des arts plastiques (CNAP). Beaucoup n’ont jamais été exposées auparavant. Sylvie Boulanger, qui a entretenu une relation privilégiée avec Yona, a aidé à la sélection des éléments présentés. Déambulation à travers différentes pièces, entre modules aménagés, maquettes sous cloches, croquis sans cadres et cartoons sans filtres. Socles, parois et nuages de carton mettent en scène différents travaux, dans des pièces bien plus ordonnées que l’ancien appartement de l’artiste. Le commun, l’adaptabilité, la flexibilité, le réemploi… Les concepts évoqués paraissent contemporains à la pensée de l’architecture d’aujourd’hui. Yona Friedman est un avant-gardiste. Il travaille notamment avec des architectes précurseurs comme Jean Prouvé. À travers son travail, il essaye de rapprocher l’habitant de son habitat. En rendant ceux-ci responsables et actifs au sein du processus de conception, Friedman critique la figure autoritaire de l’architecte.
La Ville-Spatiale prend tout son sens lorsque le visiteur plonge dans les froides entrailles du musée. Celui-ci a été bâti sur les vestiges de la crypte archéologique de la cathédrale. Le lieu incarne ainsi une superposition d’époques. Actuellement visible derrière d’épaisses vitres, la mise en valeur de la crypte est un des enjeux de la restructuration. C’est à cet emplacement que le studio expérimental Minimaforms continue le dialogue entamé au premier étage. Inspiré du Flatwriter de Friedman (une machine à écrire l’architecture), l’Ordre du temps joue avec la notion d’expansion infinie. « What you see is yours » énonce Theodore Spyropoulos. Ici, l’essentiel n’est pas invisible pour les yeux.
La visite se termine avec le musée sans bâtiment. Le concept de musée sans murs ni portes offert gratuitement aux regards des passants a déjà été croisé dans l’espace public londonien et genevois. Ici, la structure donne à voir l’architecture intérieure du Quadrilatère. Dans cette salle en double hauteur, les rayons de soleil démultiplient les cerceaux métalliques en projetant leurs ombres sur les murs. Les visiteurs sont invités à s’approprier spontanément l’espace. La manipulation de divers matériaux les mène à expérimenter des structures irrégulières, croisées dans l’exposition. Ils participent ainsi à l’auto-planification du lieu, principe si cher au travail de Yona Friedman.
L’exposition mobile s’inscrit sous le signe de la participation et de la démocratie.
Entrée libre, jusqu’au 3 juillet, du mardi au vendredi de 13h à 18h et le week-end de 10h à 18h.
Le Quadrilatère
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