50 logements sociaux, porte de Montmartre, Paris

Architecte : Atelier Kempe Thill
Rédigé par Benoit JOLY
Publié le 26/08/2017

Brisant les codes classiques du logement social, les Hollandais Kempe et Thill compensent la faible superficie de leurs « villas urbaines » grâce à des vitrages toute hauteur et des loggias sur l’ensemble des façades. 


 

À la suite d’un concours remporté en 2012, André Kempe et Olivier Thill se voient confier la réalisation d’une cinquantaine de logements sociaux, d’un cabinet dentaire et d’un centre de protection maternelle, non loin de la porte de Clignancourt et de son marché aux Puces. La parcelle attribuée, sur une ancienne zone industrielle du 18e arrondissement, se situe entre le périphérique et un boulevard Ney revigoré par l’arrivée du tramway. Là où se dressaient d’anciens HLM des années 1960 qu’on remplace au fur et à mesure, les architectes préfèrent apposer le concept de « villas urbaines » : plutôt que de dessiner un imposant et unique volume, ils répartissent le programme sur deux bâtiments distincts et compacts de 19 sur 20 mètres, reliés par un parking souterrain et un jardin, par ailleurs remarquablement planté par Christine Dalnoky. De quoi dégager de jolies perspectives. Vue de la rue, les deux bâtiments jouent avec les tons or et argent, les effets de nitescence et de transparence. Car les architectes ont mis un point d’honneur à dessiner des logements qui ne ressemblent pas à des HLM. Mettre à bas tout effet de stigmatisation passait par l’emploi de codes et de matériaux habituellement réservés aux programmes luxueux : des rez-de-chaussée largement vitrés, des baies et des loggias sur l’ensemble des façades, des angles libérés de poteaux porteurs, des nez de dalle en béton brut, un bardage en acier poudré et de grandes menuiseries en aluminium couleur champagne. Avec ses façades animées par des ventaux coulissants en verre et des rideaux réfléchissants thermiques, le projet apparaît presque comme une variante de la tour Bois-Le-Prêtre de Lacaton Vassal située à 10 minutes de là.


Domus aurea 

Pour le plan des logements, du T1 au T5, les concepteurs font le choix de la compacité, avec des circulations placées au coeur des bâtiments. Gage d’économie : leur partition est organisée de manière quasi systématique sur tous les niveaux. Bénéficiant d’une position stratégique et de vues dégagées, les cuisines des plus grands appartements sont placées dans les angles, libérés de poteau porteur. Les logements plus petits, eux, disposent d’un balcon légèrement plus large, grâce à un retrait à peine perceptible des murs en façade. Tous les appartements, sans exception, disposent de vitrages toute hauteur offrant la ville en panorama, alternant grands coulissants et ouvrants à la française, parfaitement intégrés et sans distinction dans le bardage ondulé. Ceinturées de coursives vitrées sur toutes leurs façades, ces villas urbaines mêlent et réinterprètent à la fois les thèmes du balcon filant haussmannien, du jardin d’hiver et de la loggia. Au risque que ces espaces intermédiaires, entre dedans et dehors, ni larges, ni étroits, servent de zones de stockage afin de compenser l’absence de rangements intégrés. Même si l’on connaît la frilosité des bailleurs sociaux pour ce type de dispositifs, pour des raisons d’entretien et d’image, les architectes refusent ici les standards a minima. Portés par un maître d’ouvrage, un façadier et des industriels engagés, ils entendent, avec ces domus aurea en PLI et PLA, proposer une liberté d’usages où se superposent, de manière totalement assumée, différentes approches de l’intimité issue de la tradition calviniste hollandaise et les modes d’habiter parisiens. 



Maîtres d'ouvrages : Paris Habitat OPH
Maîtres d'oeuvres : Atelier Kempe Thill – Architectes associés : FRES architectes
BET ingénierie : Alto Ingénierie 
BET structure : VP & Green
Économiste : Bureau BMF
Paysage : Christine Dalnoky
Programme : 50 appartements, un cabinet dentaire, un centre de protection maternelle et infantile, un parking souterrain
Façadier : France 2 000
Surface SHOB : 5 598 m2 
Coût : 7,3 millions d’euros HT
Date de livraison : juin 2016


Lisez la suite de cet article dans : N° 256 - Septembre 2017

Les façades du projet sont habillées de 2 268 m² de fermetures de loggias.<br/> Crédit photo : SCHWARZ Ulrich Plutôt que de dessiner un imposant et unique volume, les architectes répartissent le programme sur deux bâtiments distincts et compacts de 19 sur 20 mètres, reliés par un parking souterrain et un jardin, planté par Christine Dalnoky.<br/> Crédit photo : SCHWARZ Ulrich Protégées par des rideaux réfléchissants thermiques (Isothiss), les loggias font office de tampons thermiques et acoustiques, d’espace de détente ou de stockage.<br/> Crédit photo : SCHWARZ Ulrich On accède aux loggias par des châssis coulissants LUMEAL Minimal ou des ouvrants à la française SOLEAL 65 (Technal).<br/> Crédit photo : SCHWARZ Ulrich

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