Le photocopieur et son modèle |
Il y a deux semaines nous
apprenions le décès de l’architecte François Seigneur à l’âge de 77 ans. Né le
13 avril 1942 dans l’Orne, il fut un
temps l’associé de Jean Nouvel avant d’être celui qui dessina pour Jean-Paul
Viguier le pavillon de France de Séville en 1999. L’architecte Aldric Beckmann
a tenu à lui rendre un dernier hommage en lui adressant ces quelques mots…
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« Il me faudra errer tout seul
Trop à dire, et le cœur me manque aujourd'hui. Trop à dire sur ce qui nous arrive là avec la mort de François Seigneur, avec une mort redoutée sans doute.
Nous ne parlerons plus de monochrome, d’ordre et de désordre, d’épaisseur et de temps ; ces notions/concepts indispensables à notre temps si sauvage et si incertain.
Trop à dire, oui, sur le temps qu'avec tant d'autres de ma génération il m'a été donné de partager avec François, sur la chance de penser grâce à lui, en pensant à lui.
Depuis le début, tous les projets de l’agence ont été pour moi de fortes provocations à penser, bien sûr, mais aussi l'expérience troublante d’une relation étroite avec le danger, la résistance sans limite face à la convenance, le bienveillant, le bon goût éternel, le bien établi, les penchants partagés moralistes.
Oui, nous aurons tant aimé l’architecture et ses dérives vers le monde de l’art. Mais, c'est vrai, et tu le disais, tu souhaitais l’aborder avec la plus grande innocence. C'était sans doute la condition pour laisser en profondeur, dans l’architecture de ces grandes décennies françaises, la marque qui restera la tienne, incomparable. La marque d'un artiste et d'un grand professeur.
Comme François Morellet, Daniel Buren ou encore Claude Rutault, tous ces artistes admirés, tu n'as jamais quitté des yeux cette alliance de la nécessité avec l'aléatoire, le chaos et l'intempestif.
Malgré ta tendresse romantique pour une époque où boy scout, Frédérique Chopin et 2cv forgeaient une éducation, ton travail d’architecte ne pouvait se penser, se produire et se développer dans un temps différé, passéiste ou futuriste. Il n’était que la pétrification d’années de voyages, d’errances volontaires pour améliorer et accumuler tes propres ressentis afin de mieux maîtriser des scénarii forts et uniques ; réponses poétiques de la contingence d’une situation.
Ces dernières années, tu ne souhaitais plus vraiment construire mais tu n’as cessé d’observer, de coloniser avec ton regard, dénoncer, et fixer pour mieux démasquer, mieux comprendre et partager dans la liberté de tes réflexions.
Merci François pour ton éducation, ce rapport maître élève qui m’a donné des ailes pour travailler non par dogmatisme identitaire mais par infiltrations, passion et fantasmes, obligé en permanence à l’exploit.
Chaque mort est unique, sans doute, et donc insolite mais j’aurais aimé te dire pourquoi ta pensée ne m'a jamais quitté, depuis près de trente ans. Comment le ferait-elle désormais ? »
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