Kader Attia, Untitled, 2009, installation couscous, 20 moules, peinture acrylique noire, 15 x 400 x 400 cm © Adagp, Paris 2018 |
Kader Attia a investi l’espace du MAC VAL pour l’exposition « Les
racines poussent aussi dans le béton », ouverte au public jusqu’au 16
septembre 2018. Une occasion unique pour l’artiste d’exposer des travaux déjÃ
acquis par le musée, d’en réinterpréter certains et de composer de nouvelles
œuvres sur une partition qui lui permet aujourd’hui de diriger, selon ses
propres termes, un « opéra en plusieurs actes ». C’est en effet une
exposition de grande ampleur que les commissaires Frank Lamy et Julien Blanpied
nous proposent de visiter. |
Filmé, photographié, présenté, suggéré, le béton envahit les salles. Il s’agit du béton des grands ensembles que le père de l’artiste a contribué à construire, du béton chargé d’espoir d’un modernisme utopique, du béton d’une cité dortoir dans laquelle l’artiste a grandi et que l’environnement de Vitry-sur-Seine évoque immanquablement à ses yeux. L’espace du musée est d’ailleurs montré pour lui-même, une partie des cloisons restant nue. La Tour Robespierre, emblématique du site, fait également l’objet d’une vidéo dans laquelle un travelling ascensionnel s’achevant par une vue aérienne évoque bien l’idéal qui animait ces constructions.
Mais l’artiste nous propose aussi
de scruter les fondations des immeubles pour y découvrir leurs racines.
Décolonisant une histoire toujours écrite par les vainqueurs, Kader Attia
rappelle l’influence qu’eût pour Le Corbusier la visite de la casbah d’Alger ou
encore son admiration pour l’habitat m’zab, qui le conduisait même à surnommer
sa Cité radieuse « ma Ghardaïa verticale ». Grande oubliée du récit
national, l’Algérie trouve ici sa place. Une installation laisse entrevoir dans
un disque réalisé en couscous les fondations d’immeubles apparemment disparus (pendant
de son œuvre de 2009 Ghardaïa où les
immeubles étaient sculptés en couscous) et souligne cette complémentarité des
espaces.
Kader Attia fait le choix de
placer sur le devant de la scène les acteurs de l’histoire occultés par le
discours officiel. Toute son esthétique repose sur une dynamique de réparation
et de recyclage. L’artiste transforme des réfrigérateurs usagés en un ensemble
de gratte-ciel. Il recolle ensemble les morceaux des photographies de villes
nord-africaines et françaises et montre des films qui les rapprochent (Pépé le Moko, tourné en 1937 par Julien
Duvivier et dans lequel Kader Attia s’identifie à l’enfant de banlieue que Jean
Gabin interprète). Il fait apparaître sur ses sculptures comme sur le sol de
l’entrée du musée des balafres qui matérialisent la réparation effectuée, au
lieu de la dissimuler comme tendent à le faire les pratiques occidentales de
restauration. Le corps même est exploré dans la dualité qui l’habite, comme
dans la figure du travesti. Osant les rapprochements géographiques et culturels
comme il le fait aussi en ce moment même dans l’exposition « L’Un et
l’Autre » ouverte jusqu’au 13 mai au palais de Tokyo, Kader Attia demande
et obtient littéralement réparation.
Il démontre également la richesse
d’une culture banlieusarde prisonnière des grands ensembles du XXe
siècle et longtemps dénigrée. Explorant ses propres racines, Kader Attia n’hésite
pas à diffuser l’odeur de son enfance dans une salle faite de contrastes (mère
cuisinière et père ouvrier, circulaire et rectiligne, couleurs chaudes et
froides, aliments qui sèchent ou se désagrègent, etc.). L’artiste se livre
alors à un véritable exercice autobiographique et psychanalytique. Il met
également en avant le poids politique de ces espaces ignorés, notamment Ã
travers son œuvre Résister, c’est rester
invisible, réalisée en 2011 au moment du printemps arabe.
Dans cette exposition (où Frantz
Fanon est directement cité par le biais d’une œuvre vidéo) les « masques
blancs » tombent, les murs de sucre s’écroulent et la végétation envahit
les édifices de béton photographiés. Un rendez-vous à ne pas manquer pour
revoir ses fondamentaux, et l’occasion de découvrir le nouvel accrochage du
musée ainsi que la réalisation de l’artiste japonais en résidence Meiro
Koizumi.
Site du MAC VAL :
Texte écrit par Kader Attia en
2009 sur Le Corbusier :
Exposition au Palais de
Tokyo : <www.palaisdetokyo.com/fr/evenement/lun-et-lautre>
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