Alvar Aalto de retour à Paris

Rédigé par Justine VIGNERES
Publié le 15/03/2018

Alvar Aalto dans son jardin © Alvar Aalto Museum

A quelques pas du lieu où se situait le pavillon de la Finlande lors de l’Exposition universelle de 1937, Alvar Aalto (1898, Kuortane – 1976, Helsinki) réintègre la scène parisienne jusqu’au 1er juillet 2018 pour l’exposition de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine. Le « mage du Nord Â» fait l’objet d’une rétrospective itinérante conçue par le Vitra Design Museum et adaptée pour l’occasion à l’espace parisien qui lui est dédié.

Cette dernière s’organise selon un parcours chronologique, allant des réalisations des années 1920 aux meubles standardisés et aux complexes architecturaux de la fin de sa carrière. Les édifices les plus réputés d’Alvar Aalto, tels que le sanatorium de Paimio (1928-1933) ou la bibliothèque municipale de Viipuri (1927-1935) sont bien évidemment présentés.


Mais l’exposition prend une couleur toute française en faisant dialoguer les deux résidences de collectionneurs d’art que sont la fameuse villa Mairea (1938-1939), située à Noomarkku (Finlande), et la Maison Louis Carré, seule réalisation du finlandais visible en France. Sont également placés en vis-à-vis le pavillon finlandais de l’Exposition universelle de New York (1939) et celui de Paris (1937).


Les photographies commandées au photographe allemand Armin Link par le Vitra Design Museum complètent parfaitement les maquettes et les plans exposés en livrant une perception sensible de l’architecture d’Alvar Aalto. Elles mettent en lumière par des jeux de cadrage le rapport de cette dernière avec le paysage environnant.


Les objets de mobilier ne manquent pas non plus à l’appel. A côté des célèbres Vase Savoy en verre moulé (1936) et Fauteuil Paimio 41 en bois lamellé-collé cintré (1932), de nombreux matériaux élaborés par l’architecte —comme les « macaronis en bois Â» que l’on retrouve dans certains des pieds en L de ses tabourets—  viennent illustrer la recherche technique qui fut la sienne.


La rétrospective met ainsi l’accent sur le rapport organique qui lie ses objets du quotidien à l’espace dans lequel ils s’intègrent. Chaque détail du sanatorium était par exemple pensé en fonction de l’hypersensibilité psychique et physique du tuberculeux pour qu’espace et mobilier forment un tout adapté à son état. De la même manière, une continuité plastique s’établit entre le mouvement ondulatoire du plafond en bois de l’auditorium de Viipuri et les formes cintrées des meubles de bois. La vague (aalto en finnois) semble alors se faire pour Alvar Aalto signature formelle.


Si ces courbes ou rythmes expansifs évoquent des formes vivantes, la vie est avant tout un modèle de production et l’architecture organique d’Alvar Aalto résulte plutôt de l’imitation de processus naturels. C’est dans ce sens qu’elle peut être rapprochée, comme le soulignait Siegfried Giedion en 1968, de l’art abstrait biomorphique qui a impulsé certaines des œuvres de l’architecte. https://blog.culture31.com/2019/11/13/rybolovlev-contre-bouvier-clap-de-fin/ Un parallèle opportun est donc dressé dans l’espace de la Cité entre les reliefs de bois d’Alvar Aalto et une Constellation de Jean Arp. La documentation rappelle également que certains artistes tels qu’Alexander Calder ou Fernand Léger étaient connus du finlandais et exposés dans sa galerie Artek.


Bien que modeste de par ses proportions, l’exposition parvient à embrasser l’intégralité de la carrière d’Alvar Aalto. Ce souci d’exhaustivité est souligné par la présence de nombreux objets de mobilier, déjà caractéristique de sa dernière rétrospective française en date, à savoir celle du Centre Pompidou de 1988, « Alvar Aalto, du romantisme à l’architecture moderne Â». Pourtant, une exposition bâtie à l’échelle de l’œuvre prolifique et de la fortune d’Alvar Aalto permettrait certainement de mieux cerner la pensée urbanistique qui fut la sienne. Le rôle essentiel de ses deux épouses Aino Marsio et Elsa Kaisa Mäkiniemi, qui ont contribué à ses conceptions mobilières et architecturales ne sont que rapidement évoquées ici, mériterait aussi d’être mis en avant.

                                           

Les articles récents dans Actus brèves

Parcours immersif au cœur des grands magasins Publié le 13/11/2024

Jusqu’au 6 avril à la Cité de l’architecture et du patrimoine, « La saga des grands magasins … [...]

Quartiers de demain : lancement de la consultation internationale Publié le 13/11/2024

17 ans après le projet du Grand Paris lancé par Nicolas Sarkozy, une nouvelle consultation interna… [...]

Prix d'architectures 10+1 Publié le 06/11/2024

C’est au sein de l'espace Niemeyer à Paris qu’ont été dévoilés le 6 novembre les lauréats … [...]

« La mémoire Vive », à la découverte du processus créatif chez Philippe Prost. Publié le 28/10/2024

L’Exposition consacrée à Philippe Prost, aura lieu jusqu’au 23 mars 2025 à la cité de l’ar… [...]

« Montrer qu’il est possible de vivre dans un patrimoine adapté, économe et confortable » Publié le 22/10/2024

L’exposition des lauréats du concours étudiant « (Ré) inventer l’existant » à découvrir j… [...]

« Films en chantier » : Masterclass, projection du film "Les Insulaires" Publié le 16/10/2024

A l’occasion des Journées Nationales de l’Architecture, d’a s’associe au festival Close-Up … [...]

.

Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :

Vous n'êtes pas identifié.
SE CONNECTER S'INSCRIRE
.

> L'Agenda

Novembre 2024
 LunMarMerJeuVenSamDim
44    01 02 03
4504 05 06 07 08 09 10
4611 12 13 14 15 16 17
4718 19 20 21 22 23 24
4825 26 27 28 29 30  

> Questions pro

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6

L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l…

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6

L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent.

Quel avenir pour les concours d’architecture publique 2/5. Rendu, indemnité, délais… qu’en d…