Les concours dévoyés ?

Rédigé par Paul CHEMETOV
Publié le 17/04/2015

Grande Galerie de l'Évolution, Musée National d'Histoire Naturelle Paris, 1987-1994, AUA Paul Chemetov

L'architecte Paul Chemetov réagit à l'article de Christine Desmoulins paru dans le d'a d'avril sur l'avenir de la commande publique : Quel avenir pour l’architecture publique ?

S’il est vrai que la libéralisation d’une profession jusqu’alors protégée représenterait un séisme au profit de quelques grandes structures, au détriment des autres, on ne peut dire que le retour à l’orthodoxie passée des concours serait une réponse à la situation actuelle.


Alors que quelques centaines de candidats se présentent, que veut dire la sélection de trois ou de cinq dossiers ? La plupart du temps ce sont des choix de connivence ou au mieux un millefeuille : un international (de préférence Japonais), un national, un régional, voire un local. Si l’on fait la statistique des présélections – je m’y astreins pour les candidatures que je dépose - on s’aperçoit que les occurrences vont de 1 à 10 pour des candidats de même profil.

Un article récent notait à ce sujet que les appels d’offres de fournitures voyaient s’affronter une dizaine de candidats. Dans notre cas, on a vu récemment quelques centaines de dossier pour un simple collège, y compris celles de leaders français. Constatons que Dominique Perrault a été choisi pour la BNF parmi vingt présélectionnés, Spreckelsen pour l’Arche parmi huit cents concurrents. Ils étaient inconnus et ne devaient pas répondre pour dire combien de projets de même type ils avaient construits dans les trois dernières années !


Le système des concours « Ã  la française Â» est épuisé. Un seul système pour choisir une maternelle, un hôpital de quelques centaines de millions et un projet urbain n’a pas de sens.

Il faut diversifier les choix et ouvrir des concours protégés sur des projets à petit budget (jusqu’à 2 à 3 millions de travaux) aux jeunes équipes ou à celles qui ont un faible chiffre d’affaires.

Il faut revenir à des présélections de plus de candidats (jusqu’à 20) pour des concours à forte charge symbolique.

Il faut généraliser les marchés de définition pour les projets urbains.

Il faut interdire le choix du moins disant économique comme seul critère de jugement. Aujourd’hui, les logements et les espaces libres urbains (classés infrastructures !) échappent à la loi MOP. De même que l’intervention sur existant, la plus chronophage ne peut s’attribuer au moins disant ! La négociation reste libre entre le maître d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre, elle ne peut être la condition du choix architectural.

Il faut interdire la référence aux ouvrages de même type construits dans les trois dernières années. Quant on sait que le temps d’un projet varie de cinq à sept ans, il faut à minima respecter cette temporalité.

Et pour finir, il faut supprimer la possibilité de construire 170 à 150 m² (piètre consolation) sans architecte. Cela provoquera des signatures de complaisance, sans doute, mais comment veut-on réconcilier l’opinion publique et l’architecture si dans la seule expérience que nos contemporains ont en la matière –celle de la construction de leur propre maison- ils ne se confrontent pas à l’architecte : cette confrontation est tout aussi nécessaire à ce dernier.


On pourrait continuer, mais le retour à la case départ ne peut être une réponse à la déréglementation libérale.



Paul CHEMETOV




Les articles récents dans Actus brèves

Parcours immersif au cœur des grands magasins Publié le 13/11/2024

Jusqu’au 6 avril à la Cité de l’architecture et du patrimoine, « La saga des grands magasins … [...]

Quartiers de demain : lancement de la consultation internationale Publié le 13/11/2024

17 ans après le projet du Grand Paris lancé par Nicolas Sarkozy, une nouvelle consultation interna… [...]

Prix d'architectures 10+1 Publié le 06/11/2024

C’est au sein de l'espace Niemeyer à Paris qu’ont été dévoilés le 6 novembre les lauréats … [...]

« La mémoire Vive », à la découverte du processus créatif chez Philippe Prost. Publié le 28/10/2024

L’Exposition consacrée à Philippe Prost, aura lieu jusqu’au 23 mars 2025 à la cité de l’ar… [...]

« Montrer qu’il est possible de vivre dans un patrimoine adapté, économe et confortable » Publié le 22/10/2024

L’exposition des lauréats du concours étudiant « (Ré) inventer l’existant » à découvrir j… [...]

« Films en chantier » : Masterclass, projection du film "Les Insulaires" Publié le 16/10/2024

A l’occasion des Journées Nationales de l’Architecture, d’a s’associe au festival Close-Up … [...]

.

Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :

Vous n'êtes pas identifié.
SE CONNECTER S'INSCRIRE
.

> L'Agenda

Novembre 2024
 LunMarMerJeuVenSamDim
44    01 02 03
4504 05 06 07 08 09 10
4611 12 13 14 15 16 17
4718 19 20 21 22 23 24
4825 26 27 28 29 30  

> Questions pro

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6

L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à l…

Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6

L’exigence de rendus copieux et d’équipes pléthoriques pousse-t-elle au crime ? Les architectes répondent.

Quel avenir pour les concours d’architecture publique 2/5. Rendu, indemnité, délais… qu’en d…