Livres qui comptent |
Comme tous les ans, d'a publie la sélection des meilleurs livres de l'année : livres qui comptent, livres utiles, livres à regarder ou à offrir et parfois tout cela en même temps ! |
Lucien Clergue. BrasÃlia
Par Eva-Monika Turck. Éditions Hazan. 28, 5 x 28, 5 cm. 204 pages. 55 €.
Si Lucien Hervé a trouvé dans
l'architecture de Le Corbusier comment développer sa fascination
pour la géométrie et les jeux d'ombre et de lumière, Lucien
Clergue a trouvé dans l'architecture d'Oscar Niemeyer un univers
qui renvoyait pleinement à sa propre obsession pour les courbes
féminines. Le Corbusier reconnaissait la valeur intrinsèque du
travail d'Hervé, il y voyait surtout un formidable moyen de
diffuser ses idées. Clergue, lorsqu'il rencontre Niemeyer, est
déjà célèbre pour ses photographies de nues qu'admiraient tant
Picasso et Cocteau. L'architecture n'a encore jamais été pour
lui un sujet de prédilection. C'est l'éditeur de Clergue qui
organise la rencontre entre les deux hommes à Rio en 1962,
pressentant que son auteur saurait mieux que quiconque retranscrire
la sensualité de l'architecture de BrasÃlia si chère Ã
Niemeyer. C'est davantage à une histoire d'amitié et d'échange
à laquelle on assiste. Pour ceux qui ont eu la chance d'être reçu
par l'architecte brésilien dans son bureau de Copacabana,
l'accueil – toujours chaleureux – se faisait toujours devant la
célèbre photo des trois nus féminins de Clergue. Après quoi, déjÃ
centenaire et debout devant ses invités, le maître esquissait Ã
longs traits les derniers projets qu'il avait conçus.
Immanquablement, sa main traçait sur le calque les mêmes courbes
que celles de la photographie ! C'est l'histoire de cette
rencontre artistique que retrace ce très beau livre, hommage parfait
à l'architecte disparu il y a tout juste un an, à l'âge de 104
ans. (EC)
Villas 60-70 en France
Par Raphaëlle Saint-Pierre. Éditions Norma. 23 x 28, 5 cm. 320 pages. 65 €.
La première qualité de ce livre –
comme celui auquel il succède, " Villas 50 en France "–, est de
nous rappeler que la production de ces années était beaucoup plus
riche que ce que notre mémoire en a gardé. Les années
soixante-soixante-dix, c'est l'après Le Corbusier, l'apogée
des Trente Glorieuses et le début de la crise pétrolière, comme
nous le rappelle Dominique Amouroux dans sa préface. C'est en
France une période ou l'inventivité, pour ne pas dire la
fantaisie, l'emporte sur une réflexion théorique rigoureuse.
Nombre de ces élucubrations font aujourd'hui le bonheur de la
collection du FRAC Centre. Aucune figure majeure n'émerge
d'ailleurs de ces années où tout paraît possible. Derrière
cette architecture décomplexée, apparaissent cependant les
premières réflexions sur le développement durable. Peinant Ã
faire émerger une nouvelle esthétique légitimée par une maîtrise
technique crédible, on comprend qu'elles devront attendre les
années deux mille pour revenir sur le devant de la scène. (EC)
Un siècle de dessin d'architectures. 1900-2000
Par Neil Bingham, traduit de l'anglais par Anne-Laure Guichard. Édition Hazan. 23 x 25, 5. 320 p. 39 €.
Alors que le dessin assisté par
ordinateur a envahi la sphère communicationnelle de l'architecture,
ce beau livre rappelle à quel point au 20ème siècle le dessin a
d'abord été un instrument de diffusion des idées nouvelles.
Compilé par le conservateur des dessins de la Royal Academy of Arts
de Londres, l'ouvrage souffre peut-être d'un tropisme anglo-saxon.
On aurait aimé que le propos mette davantage en valeur les enjeux de
la représentation à l'heure numérique mais c'est visiblement par
le choix des images que le livre entend construire son argumentation. (EC)
Humanisme et Architecture, Raj Rewal, construire pour la ville indienne
De Giordano Tironi. Éditions L'Âge d'Homme. 25,4 x 25,5 cm. 315 p. 45 €.
En dépit de son œuvre prolifique, Raj Rewal reste l'un des architectes indiens les moins connus de sa génération. Justice lui est rendue avec ce passionnant ouvrage préfacé par Kenneth Frampton qui s'attache à montrer son rôle majeur dans le développement de l'architecture orientale moderne. Enrichies par les propos du constructeur, les analyses largement illustrées font revivre au lecteur le parcours du jeune étudiant de l'Architectural Association School, devenu aujourd'hui l'une des principales figures de New Delhi. Entre tradition vernaculaire et vocabulaire technique, les 20 projets présentés – parmi lesquels la halle des Nations, le pavillon Nehru et l'Institut national d'immunologie – montrent comment adapter aux exigences locales les enseignements tirés d'une expérience occidentale. (ML)
Sélectionner ce catalogue, c'est
aussi rendre hommage à l'exposition dont il est issu et qui fut
une belle surprise de Marseille 2013. Dans une simple et magnifique
scénographie qui tirait parti du J1, ce vaste hangar portuaire
arrimé au port comme un transatlantique, l'exposition, resserrée
en son axe centrale, totalement vitrée, s'ouvrait de part et
d'autre sur deux rues, sur le paysage de Marseille et son activité
maritime. La question du brutalisme paraissait presque un prétexte Ã
l'exposition dirigée par Jacques Sbriglio, qui s'est davantage
attaché à nous montrer comment l'idée de parvenir à la
« synthèse des arts » occupe toute l'œuvre de Le
Corbusier. Le catalogue se recentre cependant davantage sur le sujet,
en commençant par publier le célèbre article de Reyner Banham sur
« Le nouveau brutalisme » paru en 1955 et enfin traduit
ici en français. Antoine Picon, Stanislaus von Moos, Jacques Lucan
ou encore Cyrille Simonnet apportent également leur contribution Ã
l'étude d'une œuvre que l'on croit toujours connaître et qui
ne cesse de nous surprendre. (EC)
Le Corbusier - Album Afrique du Nord
Présenté par Danièle Pauly. Éditions Aam. 30, 5 x 23 cm. 208 p. 40 €.
Les célèbres cahiers à spirale des deux voyages de Le Corbusier de Marseille au Maroc, à Alger et au M'zab entre 1931 et 1933 sont enfin publiés en fac-similés. Présentés par l'historienne Danièle Pauly, ils nous permettent de découvrir un Le Corbusier plus intime, mélangeant avec bonheur paysages, nus féminins et architectures vernaculaires.
L'équerre et le pinceau - L'architecture dans le tableau IXe-XXe siècle
Par Yves Bottineau-Fuchs, Éditions Actes Sud, 13 x 24 cm. 384 p. 35 €.
On connaît la rivalité qui subsiste entre l'architecte et l'ingénieur. Autrefois elle existait entre l'architecte et le peintre. L'un édifiait le monde habitable des hommes, l'autre nourrissait l'imaginaire architectural en élaborant des demeures modèles ou des cités idéales. L'émulation qui s'en suivit demeure à l'origine de bien des évolutions de ces deux disciplines. Elle nous est racontée par l'historien de l'art et de l'architecture Yves Bottineau-Fuchs. Giotto, Brunelleschi, Raphaël et Romano sont les principaux protagonistes de son enquête qui nous entraîne dans un passionnant voyage à travers l'histoire de l'Art.
Phares – Monuments historiques des côtes de France
Sous la direction
de François Goven et Vincent Guigueno,
Éditions du Patrimoine – Centre des Monuments nationaux, 23, 5 x 29, 5 cm. 232 p. 46 €.
Bien que l'aide à la navigation repose aujourd'hui sur des réseaux de satellites, les phares continuent de s'allumer chaque nuit. Cet très bel ouvrage est le résultat d'une enquête minutieuse réalisée par François Goven et Vincent Guigueno. Enquête à l'issue de laquelle quelque 90 édifices, anciens phares ou feux ont été placés sous la protection des Monuments historiques dans l'ensemble des départements français. C'est l'histoire de chacun des ces édifices qui est retranscrite ici au travers de dessins d'architectes ou d'ingénieurs, de photographies d'époque ou d'aujourd'hui.
Histoire des objets – Chronique du design industriel
Par Raymond Guidot, Éditions Hazan, Collection Beaux-Arts, 19, 6 x 26 cm. 576p. 45 €.
De la révolution industrielle à nos jours, cet ouvrage nous présente les objets marquants du quotidien. En les replaçant dans leur contexte, il permet en retour de nous éclairer sur les faits historiques qui les relient les uns aux autres. De l'aérodynamisme des avions à l'ergonomie de salons, de la première machine à écrire au robot « Asimo », ces étonnants objets cohabitent d'une page à l'autre et racontent à leur tour l'histoire de la Modernité. Si les livres sur le design se cantonnent souvent à présenter de belles images de mobilier, ce gros livre de l'historien du design, ingénieur et commissaire d'exposition Raymond Guidot allie ici le plaisir de l'iconographie à celle d'une réflexion plus ambitieuse.
Lucien Hervé
Photo poche, Actes Sud. 12, 5 x 19 cm. 144 pages. 13 €.
Le plus célèbre des photographes attachés à l'architecture moderne et bien sûr à Le Corbusier méritait depuis longtemps d'entrer dans cette petite mais prestigieuse collection, fondée il y a bientôt quarante ans par Robert Delpire. Il y a eu bien d'autres livres sur ce photographe venu de Hongrie à Paris en 1929, notamment le passionnant " Le Corbusier, Lucien Hervé, Contacts " (Seuil, 2011), mais ce petit livre monographique – comme toujours remarquablement imprimé – offre à petit prix une remarquable introduction à une œuvre dont la valeur a mis trop longtemps à être reconnue. (EC)
Simón Veléz architecte // La Maîtrise du bambou
Par Pierre Frey et Deidi von Schaewen.
Éditions Actes Sud, version bilingue (français-anglais). 19,5 x 25,5 cm, 253 pages, 39 euros.
Simón Veléz a choisi d'explorer le bambou " guada", une espèce endémique des vallées colombiennes, pour édifier des constructions adaptées au climat tropical de son pays. En utilisant un matériau peu coûteux et accessible, en profitant de sa souplesse et de ses caractéristiques statiques, et en déclinant tous les assemblages permis, l'architecte parvient à produire de la modernité tout en s'inscrivant dans une démarche durable. Les dessins de ses structures complexes au stylo Bic quatre couleurs, sur un cahier à petits carreaux, que l'on retrouve dans l'ouvrage, constituent le point de départ pour chacune de ses réalisations. Accompagné de l'ingénieur-constructeur Marcelo Villegas, il applique son savoir-faire avec le bambou et le transpose de manière analogique aux autres matériaux (acier, fers à béton, béton). Avec cette monographie, les commentaires de Pierre Frey et les photographies de Deidi von Schaewen nous plongent dans l'œuvre peu commune de cet architecte « régionaliste » dont la démarche s'inscrit en accord parfait avec l'environnement. (PM)
Fernand Pouillon
Par Marc Bédarida. Collection carnets d'architectes, éditions du Patrimoine. 16, 5 x 21 cm, 208 pages, 20 €.
Treizième volume de cette collection à prix abordable consacrée aux architectes français du XXe siècle (à l'étrange exception de Buckminster Fuller), ce Fernand Pouillon est bienvenu. Son auteur, Marc Bédarida, conscient des données encore lacunaires sur l'architecte, n'en dévoile pas moins de nombreux projets et réalisations jusqu'alors inconnus des néophytes. Limitant l'ouvrage aux œuvres du territoire national, il offre à celles d'Algérie ou d'Iran l'opportunité d'une future publication. Le nombre et la diversité des bâtiments que l'on découvre permettent de mieux replacer l'architecte de la reconstruction du Vieux-Port de Marseille dans la production française. Marc Bédarida dresse également un portrait passionnant de cet homme qui avait pour modèle l'orfèvre et aventurier Benvenuto Cellini, voulant peut-être nous montrer que pour réussir à Marseille, il faut autant être un personnage haut en couleur que bon architecte… (EC)
" Un manifeste (1977) d'Oswald Mathias Ungers et Rem Koolhaas avec Peter Riemann, Hans Kollhoff et Arthur Ovaska" . 21 x 29, 5 cm, 176 pages, 40 €.
Voilà un livre culte pour une poignée d'historiens, qui n'aurait sans doute pas revu le jour sans la notoriété de Rem Koolhaas. Le texte d'origine, destiné à présenter un plan de développement futur de Berlin, est à l'initiative de Oswald Mathias Ungers (1926-2007). C'est une des premières études urbaines à avoir introduit la notion d'archipel et à imaginer de possibles phénomènes de désurbanisation et de décroissance des villes. Cette réédition et cette traduction, trente-cinq ans après sa parution, valent surtout pour le riche appareil critique qui l'accompagne, ici dirigé par Florian Hertweck et Sébastien Marot. Ils replacent ce manifeste parmi ceux qui ont éclos à la même époque (" Learning from Las Vegas ", " Los Angeles: the Architecture of Four Ecologies " ou " Delirious New York "), en donnent une approche génétique par le travail sur les fac-similés et manuscrits. Enfin, ils ont interrogé tous les protagonistes de cette aventure théorique promise à de riches développements. EC
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